Trente-cinq ans après la loi Veil, l’interruption volontaire de grossesse a encore touché 227.000 femmes en 2009. Parmi elles, figurent de plus en plus de mineures. Quelque 13.500 jeunes filles de moins de 18 ans ont en effet recours à un avortement chaque année, en France, contre 11.000 en 2002. Une hausse de plus de 22%.
Alors que se tient lundi à Paris un colloque sur le thème "comment protéger le droit à l’avortement en France en 2011", se pose aujourd’hui la question de savoir pourquoi les adolescentes se retrouvent de plus en plus souvent confrontées à une grossesse non désirée. "Nous n’avons pas fait ce qu’il fallait en terme de prévention face aux adolescentes", tranche le professeur Israël Nisand, gynécologue obstétricien au CHU de Strasbourg, au micro d’Europe 1.
"La loi n’est appliquée nul part"
Aussi, les écoles semblent avoir fait l’impasse sur la loi de 2001, qui prévoit une information sur la sexualité à raison de deux heures par an dès la classe de 6e. "Elle n’est appliquée nulle part en France", regrette le docteur Nisand. "Ne pas donner d’informations aux jeunes adolescents, leur laisser avoir toutes les informations sur Internet et se contenter de cela, ce n’est pas normal", déplore-t-il.
"Ça n’est pas une fatalité"
Les principaux intéressés se retrouvent donc seuls face à ce problème. "Énormément d’adolescents, au début de leur vie sexuelle, ne souhaitent pas en informer les parents ou ne le peuvent pas. Et ils essayent de se débrouiller de manière secrète", explique Israël Nisand. Si la nouvelle génération apparaît de plus en plus libérée, elle a encore beaucoup de choses à apprendre en matière d'éducation sexuelle.
Quoi qu’il en soit, le docteur Nisand veut rester optimiste : "ça n’est pas une fatalité. On devrait pouvoir diminuer le nombre d’IVG, rien qu’en faisant de l’information et en donnant un accès gratuit et confidentiel à la contraception". D'autant que l'exemple de l'Alsace, où le nombre d'IVG chez les mineurs a considérablement baissé ces dernières années grâce à une campagne d'informations et de prévention, laisse encore espoir.