Bannir la cigarette en France, c’est la proposition que Jacques Attali a faite lundi sur son blog. Un désir de "prohibition", exprimé dans un billet intitulé "bien pire que le Mediator : le tabac", et qui suscite une levée de boucliers. Et pas seulement des buralistes et des fabricants, puisque les anti-tabac s’agacent aussi.
"Respecter les fumeurs"
Pour protéger la santé des Français, Jacques Attali souhaite interdire la production, la distribution, et la consommation "d’un produit qui tue 5 millions de personnes dans le monde chaque année". S’il concède que la mise en application d’une telle décision sera difficile, les spécialistes de la santé sont très dubitatifs.
Selon eux, Jacques Attali oublie le phénomène d’addiction. "A partir du moment où les gens sont complètement addicts, c’est impossible d’interdire brutalement d’une seconde à l’autre ça ne marchera pas", a lancé le Pr. Dautzenberg, président de l’ Observatoire français des drogues et des toxicomanies, sur Europe 1.
"Le tabac n’est pas un produit ordinaire, il faut respecter les fumeurs et leur donner la possibilité de sortir sans trop de souffrance de cette addiction", ajoute le pneumologue.
"Le tout-interdit n’a jamais fonctionné"
Face à un Jacques Attali qui "ne veut plus tergiverser", les buralistes se disent "abasourdis qu'un Monsieur de la qualité de M. Attali puisse avoir des propos aussi totalitaires", à travers la voix de Pascal Montredon, patron des buralistes.
"Le tout-interdit n'a jamais fonctionné", poursuit-il, citant la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis, l'augmentation de la consommation de drogue malgré une interdiction totale.
La confédération des buralistes, rappelle-t-il, ne remet pas en cause l'existence d'une politique de santé publique qui vise à limiter la consommation de tabac et informer sur les risques, mais "là, on est en train de tomber dans l'absurde".
"Supprimer le soleil ?"
Même son de cloche du côté des fabricants de tabac : "et pourquoi pas supprimer le soleil qui provoque chaque jour des cancers de la peau ?", a réagi Yves Trévilly, porte parole de British American Tobacco France.
"Si Jacques Attali veut supprimer les produits qu'il considère avoir un impact négatif sur la société, il peut élargir sa liste", explique Yves Trévilly, énumérant "les voitures et les avions qui polluent et tuent chaque jour, tout ce qui a trait à la malbouffe dont le coût pour la société est quatre fois supérieur à celui du tabac", a-t-il ajouté.