A la sortie de la prière du soir, à la mosquée d’Aubervilliers, Malek Drine montre le courrier qu’il a reçu du préfet : sa notification d’expulsion. L’homme est l’un des cinq islamistes dont Claude Guéant a ordonné l’expulsion. La police le présente comme un "membre de la mouvance islamiste radicale d’Ile-de-France", qui a prononcé le 2 septembre la phrase suivante : "la charia autorise le meurtre des frères qui se détournent de l’islam".
"Un militant dans le rapprochement des communautés"
Malek Drine doit d’être encore sur le territoire français à ses attaches familiales. Car ce Tunisien, imam remplaçant, est marié à une Bretonne et attend un enfant. Il s’amuserait donc presque que la lettre du préfet le définisse comme un islamiste radical et l’accuse de prôner un rejet du monde occidental.
A 30 ans, Malek Drine porte une barbe fournie, il est très pratiquant, mais il dément avoir tenu le moindre propos incitant à la violence. "C’est quelqu’un de militant, mais pas dans le fait de prôner l’extrémisme ou les valeurs de guerre, de violence", confirme Mehdi, l’un des responsables de la mosquée d’Aubervilliers, rencontré par Europe 1. "C’est vraiment un militant dans le rapprochement des communautés. Si Malek Drine, en tant que remplaçant d’imam, devait tenir un discours extrémiste ou violent, raciste ou antisémite, jamais il n’aurait pu parler au micro et n’aurait pu prendre la chaire", assure-t-il.
"Tous les ingrédients pour faire un coupable idéal"
Et si Malek Drine est dans le viseur des autorités, c’est une question de politique, estime Mehdi. "Il est sur cette liste, parce que je pense qu’on veut en faire un bouc émissaire. Il est étranger, il est musulman, il est très attaché à ses principes. Il y a tous les ingrédients pour en faire un coupable idéal. A quinze jours des présidentielles…", accuse le responsable.
Quant aux propos qu’on lui reproche évoquant la charia et le meurtre des frères qui se détourneraient de l’islam, "il s’agit d’une seule phrase, et elle a été totalement sortie de son contexte", certifie Mehdi. Il s’agissait selon lui d’un récit historique, et il est prêt à le prouver. Le prêche prononcé en arabe classique, a en effet été enregistré.