C'est une histoire d'amour peu banale que celle de Jean-Claude et Juliette. Il y a trois ans, ce chasseur a recueilli une femelle sanglier qui était tombée dans un trou. Encore bébé, et pesant à peine 800 grammes, elle était incapable d'en ressortir. Aujourd'hui, la laie pèse plus de 100 kilos et vit dans un enclos de la propriété du chasseur. Mais les autorités voulaient les séparer. Le tribunal correctionnel de Valence a finalement relaxé vendredi ce "chasseur repenti" retraité poursuivi pour détention d'animal sauvage.
"Jean-Claude Martin est soulagé car il avait lié un lien affectif très fort avec sa laie qui aurait été vouée à une mort certaine si elle lui avait été retirée", a déclaré son avocat Me Patrice Grillon à l'issue de l'audience. Juliette est "devenue un animal totalement domestiqué", a-t-il dit. Le préfet de la Drôme doit désormais autoriser officiellement la famille Martin à détenir la laie.
Juliette risquait l'euthanasie
Tout n'était pourtant pas gagné d'avance. A plusieurs reprises, les garde-chasse lui avaient demandé d'euthanasier Juliette. Ce que Jean-Luc a toujours refusé.
"Je suis très attaché à elle, et vivre sans elle, ça ne me semble pas possible", avait confié le chasseur à Europe 1.
Jean-Claude a raconté à Europe 1 son quotidien avec Juliette :
Elle est "heureuse"
Pourtant, rien ne les prédestinait l'un à l'autre. Jean-Claude est un chasseur plutôt doué lorsqu'il s'agit d'abattre les sangliers qui pullulent près de chez lui, en Drôme provençale. Mais ce jour-là, il a été ému par ce petit marcassin bloqué au fond d'un trou et promis à une mort certaine. Il a recueilli le bébé sanglier, l'a nourri au biberon et élevé. Plus tard, l'ancien chasseur avait tenté en vain de relâcher l'animal, qui revenait sans cesse, et il l'avait finalement installé sur son terrain. Du jour au lendemain, Jean-Claude a rangé le fusil, et Juliette, comme il l'a prénommée, est devenue son animal de compagnie, un animal qui ne le quitte plus.
"Elle me suit partout, c'est une petite femelle qui joue au ballon, elle a sa place dans la maison avec le chien. Nous vivons ensemble en quelque sorte. Tous les matins, je lui donne des madeleines, deux ou trois sucres, deux pommes et le soir je lui donne de l'herbe. Les sangliers adorent l'herbe", a raconté Jean-Claude, qui assure que Juliette est "heureuse".