Il y a bien eu des rétrocommissions, mais leur arrêt n’est pas forcément lié à l’attentat de Karachi, qui a couté la vie à onze Français en 2002. C’est la précision qu’a tenue à donner Michel Mazens, ex-cadre supérieur de l'armement et témoin clé dans l'affaire de Karachi, dans une interview publiée lundi par Libération.
"L'attentat s'est déroulé longtemps après cet épisode. A mon sens, il n'y a pas de lien entre les deux. Je n'ai jamais reçu la moindre information qui m'aurais permis de le penser", détaille l'ancien président de la Société française d'exportation de systèmes avancés (Sofresa).
Une "surinterprétation" de ses propos
Ce dernier a expliqué jeudi au juge Van Ruymbeke qu'il avait été chargé en 1995 d'interrompre le versement de commissions sur le contrat Sawari II de vente de frégates à l'Arabie saoudite.
Dominique Castellan, à l’époque président de DCNI (la branche export de la Direction des Constructions Navales), lui aurait alors fait part des risques encourus par le personnel de DCN, si le versement des commissions était interrompu.
Un signal d’alarme qui a conduit le site internet d'information Mediapart à lier l’arrêt des rétrocommissions et l’attentat de Karachi. Michel Mazens estime qu'il y a eu une "exagération" et une "surinterprétation" de ses propos.
“Pas au point de craindre un acte criminel“
"Un soir je suis ainsi allé voir M. Castellan dans son bureau pour lui faire part de la directive de M. de Villepin. Il a réagi en disant que pour lui c'était compliqué car c'était faire courir des risques au personnel", précise l’ex-cadre supérieur de l'armement.
"J'ai senti Dominique Castellan soucieux, mais pas au point de craindre un acte criminel, ça ne se situait pas sur ce plan-là", ajoute Michel Mazans dans les colonnes de Libération.
"Sa mise au point diminue le bien-fondé d'une plainte visant Jacques Chirac, un peu vite accusé d'avoir, en stoppant les rétrocommissions, entraîné l'attentat sept ans plus tard", commente le quotidien.