En pleine réforme de la dépendance, les associations d'aide à domicile se disent acculées. Ces structures qui aident les familles en difficulté, les personnes âgées et handicapées demandent un fonds d'urgence de 100 millions d 'euros pour les aider à faire face à une situation financière "désespérée".
20.000 suppressions d'emploi
Le "collectif des 16", qui regroupe divers organismes et associations d'aide, tire la sonnette d'alarme. Le secteur, qui emploie 300.000 personnes, risque de procéder à 20.000 suppressions d'emplois, voire à la liquidation de structures en raison du manque d'argent. Et il y aura des diminutions d'aide sociale, qui se répercuteront sur les familles en difficulté.
"Notre situation est mauvaise depuis plus d' un an et demi", explique au micro d'Europe 1, Emmanuel Verny, directeur de l'Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles (UNA). "Au 1er janvier 2011 la situation s'est extrêmement dégradée : nous bénéficions auparavant d'exonératons de charge sociales, dites services à la personne, qui ont été supprimées", précise-t-il.
Les conseils généraux, eux-mêmes étranglés, n'arrivent plus à assurer le financement des structures. "Pour l'allocation personnalisée d'autonomie, les conseils généraux devraient être remboursés à 50% par l'Etat. Or aujourd'hui, leur remboursement est inférieur à 30%", assure Emmanuel Verny. L'aide aux familles est financée à hauteur de 140 millions par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) et de 110 millions par les conseils généraux.
"On aide les mamans qui ont des soucis de santé"
Une situation qui exaspère Marie Alcantara, qui travaille à l'Adiaf, une association d'aide aux familles dans le Rhône. Faute d'argent, elle craint de ne plus pouvoir assurer sa mission. "On aide les mamans qui ont de soucis de santé comme des cancers, et qui sont indisponibles pour s'occuper de leurs enfants", dit-elle au micro d'Europe 1. "Et bien si on n'est plus financés, tout cela s'arrête".
"Vous permettez à une famille où il y de grosses carences éducatives de pouvoir vivre ensemble" ajoute-t-elle. "Car combien coûte un placement, on n'en parle jamais de ça".
Beaucoup de services fonctionnent "à découvert permanent" à la banque, selon Emmanuel Verny et risquent le dépôt de bilan. Une situation d'autant plus délicate qu'avec le vieillissement de la population et les personnes âges qui souhaitent rester le plus longtemps possible à domicile, la demande va s'accélérer.
Les pouvoirs publics et les associations estiment qu'il faudrait dégager trois à quatre milliards d'euros supplémentaires pour financer la réforme sur la dépendance. Les 100 millions demandés par les associations permettraient de tenir "un an à un an et demi, en attendant que la solution de fond arrive", ajoute le directeur de l'UNA.