L’avocat de Claire Thibout s’est exprimé sur l’antenne d’Europe 1 vendredi midi pour faire une mise au point sur tout ce qui s’est dit ces derniers jours dans la presse sur sa cliente.
La diffusion des extraits des PV d’audition dans la presse. "Qui a transmis ces PV d’audition ?", s’interroge Me Alain Gillot, l'avocat de Claire Thibout. "Le parquet de Nanterre ? ou peut-être plus grave : le ministre de l’Intérieur ?", accuse-t-il. "C’est une déduction logique, puisque ça ne vient, évidemment, pas de moi, ni de ma cliente. Je ne vois pas d’où cela peut venir si ce n’est des services de police qui tout à fait logiquement, à mon avis, informent leur hiérarchie. Donc je me dis que ca vient de très haut la diffusion scandaleuse des PV d’audition", estime-t-il.
A ces accusations, le ministre de l'Intérieur a réagi dans un communiqué. Brice Hortefeux a fait part de sa "stupéfaction", ajoutant que "de telles allégations sont aussi calomnieuses qu'inacceptables". Le ministre a dit "déplorer vivement que certains, ici ou là, cherchent à entretenir le soupçon et à salir les institutions de la République". Enfin, "comme ministre de l'Intérieur, je n'accepterai jamais que l'on mette en cause l'intégrité de la police judiciaire, qui travaille de manière rigoureuse et professionnelle sous la responsabilité de l'autorité judiciaire", a-t-il déploré.
Morceaux choisis ? "En plus, s’étonne Me Alain Gillot, ce sont des PV qui sont parfaitement choisis, c’est-à-dire ceux qui soit disant présentent des contradictions qu’auraient dites ma cliente autour de son audition". Il prend pour exemple : "on dit ‘elle a dit que ce qu’avait écrit Mediapart c’était de la romance’ : c’est faux elle n’a jamais dit ca".
"Il faut être précis. Elle a simplement dit que, s’agissant de ce que dit Mediapart sur la campagne d’Edouard Balladur, c’était de la romance. Je pense que Mediapart, à partir des déclarations qu’a faites ma cliente, en a déduit que l’argent qui avait été distribué à l’époque à un certain nombre d’hommes politiques était destiné à la campagne d’Edouard Balladur. Elle ne l’a pas dit. C’est une déduction Mediapart. Elle a dit que sur ce point, et uniquement sur ce point, c’était de la romance", a-t-il concédé.
Pourquoi le gouvernement exploite les "rétractations partielles" ? "Je pense qu’il y a une certaine panique du côté du gouvernement", accuse Me Alain Gillot. "Cette femme sait énormément de choses, donc il faut absolument la discréditer et donc on est en train de dire qu’elle est revenue sur ses propos. Mais, elle est parfaitement droite et loyale", a-t-il assuré.
Claire Thibout confirme ses propos. L’avocat de Claire Thibout est notamment revenu sur les soit-disantes rétractations de sa cliente. "Je ne confirme pas qu’elle s’est rétractée. Elle a confirmé la plupart de ses propos", a-t-il assuré au micro de Jean-Marc Morandini et d’Alain Acco.
"Elle a apporté un certain nombre de nuances par rapport à l’article de Mediapart. Elle a toujours dit la même chose et elle confirme sur le fond tout ce qu’elle a dit jusqu’à présent", a affirmé Me Alain Gillot. Il a tenu à rappeler qu’elle "n’a jamais remis d’espèces à une femme ou un homme politique que ce soit et qu’elle na jamais assisté à une remise d’espèces à un homme politique". Comme elle l’avait d’ailleurs indiqué à Mediapart.
Que disent ses carnets ? Les carnets de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt ont révélé d'importants mouvements de fonds. Comme l’a révélé Marianne, plus de 380.000 euros ont été retirés en espèces durant les quatre mois précédant l’élection présidentielle de 2007. L’avocat de Claire Thibout a confirmé cette somme et a également certifié que parmi cette importante somme, "180.000 euros ont été remis à André Bettencourt. On sait qu’il était notamment chargé de distribuer un certain nombre d’enveloppes à des hommes politiques. Tout le monde sait dans la maison que cet argent en espèces était destiné pour des hommes politiques et non pas à de l’argent de poche, comme le dit l’avocat de Liliane Bettencourt".
De l’argent pour les hommes politiques ? Claire Thiboult n’a pas jamais vu les transactions supposées entre André Bettencourt et des hommes politiques. Elle n’a donc pas la preuve que des politiques soient repartis avec les enveloppes. Mais pour Me Alain Gillot, cette déduction est "assez logique". Car, explique-t-il, "elle remettait des enveloppes avec de l’argent à André Bettencourt. Et elle voyait en retour, lorsqu’on lui restituait les enveloppes, qu’il n’y avait plus d’argent. Elle en a fait une déduction qui m’apparaît tout à fait logique : que cet argent était donné. Sauf, effectivement comme elle le dit, elle n’a pas assisté à ces remises".
Quel intérêt à Claire Thibout à parler ? "Elle n’a aucun intérêt, elle se défend. Je rappelle que ma cliente est un témoin très important dans le procès que Françoise Bettencourt-Meyers a intenté contre François-Marie Banier. Et elle a fait l’objet d’une plainte pour vol de la part de l’avocat de Liliane Bettencourt. Et elle se défend. Elle a donc fourni la preuve par la remise de documents, qui était des documents listés au moment de son départ, que tous ces documents [dont on l’accusait d’avoir volés] ont été restitués. Et parmi ces documents figurent ces fameux carnets de caisse", a rappelé l’avocat de Claire T.
Pour lui, cette attitude n’est pas "une démarche politique. Je défends l’honneur de ma cliente qui est accusée d’un vol qu’elle n’a pas commis, puisque j’ai fourni la preuve que tous les documents qu’on lui reproche d’avoir volé ont été restitués". "Cette femme est aujourd’hui sous pression parce que c’est un témoin important dans le procès principal, parce qu’on a découvert qu’elle se chargeait de remise d’espèces à un certain nombre de pers, dont André Bettencourt, et qu’André Bettencourt était un pourvoyeur de fonds pour la majorité", a-t-il une nouvelle fois répété.
Les contrôles fiscaux de Liliane Bettencourt. "Moi je dis, Ce que dit Eric Woerth [le ministre des Finances] à propos des soit-disants contrôles fiscaux de Liliane Bettencourt est un mensonge", confie l’avocat de Claire Thibout. "Ma cliente m’affirme que Liliane Bettencourt - pendant les 12 années pendant lesquelles elle était à son service - n’a jamais fait l’objet d’un quelconque contrôle fiscale", justifie-t-il. Concrètement, "elle n’a jamais eu la visite d’un vérificateur venant contrôler la fiscalité de Liliane Bettencourt. Donc quand on nous raconte que Liliane Bettencourt a fait l’objet de contrôles fiscaux réguliers, je dis c’est un mensonge", a-t-il conclu.