Les binationaux se mobilisent. Une pétition lancée par l’Association des Français du Monde - ADFE le 12 mai dernier a déjà récolté plus de 6300 signatures pour réclamer le respect de "la plurinationalité" au nom des "valeurs de la République".
"L’UMP surfe sur un thème qui va plaire à la France profonde qui n’est jamais sortie de chez elle", déplore Monique Cerisier ben Guiga, sénatrice des Français établis hors de France et présidente de l’association. "On retrouve là des poncifs de la France Mauracienne", déplore la sénatrice socialiste pour qui la plurinationalité est une "chance extraordinaire".
KAYSSA, 29 ANS, FRANCO-ALGERIENNE
"Je n’ai jamais été schizophrène". Je me présente toujours en précisant que je suis française d’origine algérienne", explique Kayssa, 29 ans, doctorante en droit public. "Je suis née en France, j’ai fait mes études ici, je vote ici. L’Algérie, c’est le pays de mes parents mais j’y suis attachée. J’ai un passeport algérien que j’utilise tous les deux ou trois ans pour m’y rendre plus facilement. Si on me demandait de choisir, je garderais la nationalité française. Ma vie est en France mais ça me ferait mal qu’on me contraigne à choisir. Cette mesure démagogique leur ferait perdre quelques mauvais Français mais surtout beaucoup de bons. C’est une question insensée ! La double nationalité ne m’a jamais posé de problème philosophique et je n’ai jamais été schizophrène. Ce genre de débat ne va que donner de l’écho au Front national".
PATRICIA, MERE D'ENFANTS FRANCO-ESPAGNOLS
C’est une richesse. Patricia est mère de deux enfants franco-espagnols, Miguel 16 ans et Julia, 14 ans. "Je ne comprends pas trop pourquoi on s’y attaque. Si on supprime une nationalité, laquelle enlève-t-on ? C’est difficile de choisir arbitrairement une nationalité. Mes enfants n’ont pas encore eu à utiliser les deux nationalités pour l’instant car ils sont trop petits. Mais cela peut servir un jour si mon fils veut aller travailler en Espagne par exemple. Pour ma fille, handicapée mentale, c’est différent. Je vais me battre pour elle. Je suis son avocate. La double nationalité, c’est une richesse. C’est leur identité. Ça permet de ne pas oublier l’une des deux cultures. On est dans le pays des droits de l’Homme et c’est un droit qu’il faut garder !".
MAGALIE, 37 ANS, FRANCO-AMERICAINE
"C'est impossible de choisir". Magalie est née aux Etats-Unis de parents français. Cette directrice d’une chaîne hôtelière de 37 ans "trouve le débat délirant". "C’est un non débat. Je pense que ce projet vise les populations d’Afrique du nord sans les nommer. Seulement, c’est oublier qu’avec l’avènement de l’Europe et la mondialisation il y a des millions de personnes qui sont concernées. Avoir un parent allemand, espagnol ou américain, c’est très commun aujourd’hui. Je ne comprends vraiment pas où est le problème. Pour moi, c’est impossible de choisir entre ma nationalité française et américaine. J’ai vécu dans les deux pays, je suis imprégnée des deux cultures. Je me sens très française et je ne vois pas pourquoi je devrais me sentir moins française qu’un autre. C’est ridicule. M’obliger à choisir ce serait me demander de faire un choix impossible. Ce serait m’ôter un droit".
DAVID, 30 ANS, FRANCO-PORTUGAIS
"Il y a les racines, les parents". David a 30 ans. Ce commercial est franco-portugais. "Ce serait difficile de choisir ! Il y a les racines, les parents. En France, on me considère comme portugais mais au Portugal, on me considère comme français ! Je trouve cela dommage par rapport à tout ce que les immigrés ont apporté. C’est dommage de demander à leurs enfants de choisir. La double nationalité, c’est surtout une façon de conserver la culture du pays de ses origines".