En chiffres. La dette des hôpitaux français a triplé en moins de dix ans : quelque 23 milliards d'euros d'encours en 2011 contre 9 milliards en 2003. Un rapport de l'Inspection générale des Finances (IGF) exhumé mardi par Les Echos, tire la sonnette d'alarme. En particulier, la situation d'une vingtaine d'hôpitaux inquiète : leurs difficultés de trésorerie sont telles que certains retardent le paiement de leurs fournisseurs. Parmi eux, le quotidien économique cite les CHU de Caen et de Fort-de-France et les établissements de Lens et Ajaccio.
Pour la bonne cause. Pourquoi un tel bond de la dette ? Les emprunts sont directement liés aux programmes d'investissement Hôpital 2007 et Hôpital 2012 portés par Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy, poursuivent Les Echos. C'est donc pour la bonne cause : ces plans de modernisation ont notamment permis d'améliorer l'équipement (IRM, informatique…), de rénover des bâtiments et de regrouper des établissements. Le taux de vétusté des hôpitaux français a ainsi reculé de 55% à 50% entre 2002 et 2010.
"On a les moyens de rembourser". "C'est une approche qui n'est pas la bonne", regrette Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France au micro d'Europe 1. "Les hôpitaux, s'ils sont endettés c'est parce qu'ils ont investis ces dernières années à la demande des gouvernements (…) pour pousser à la rénovation des hôpitaux. C'est pour ça que mécaniquement la dette a gonflé, ce n'est pas du tout pour combler une mauvaise gestion ou combler le déficit d'exploitation puisque celui-ci, paradoxalement, a tendance à diminuer. Les hôpitaux se restructurent. Globalement, ils coûtent moins cher en fonctionnement." Quant à cette dette en hausse, "bien sûr qu'on a les moyens de rembourser", assure Frédéric Valletoux.
Interdire les lignes de trésorerie. Comment enrayer la multiplication des incidents de paiement ces dernières années ? L'Inspection des Finances voudrait limiter fortement le recours aux lignes de trésorerie, en vue tout bonnement de les interdire dans un second temps. Ces pratiques sont "peu légitimes", juge l'IGF, car les hôpitaux bénéficient d'"une relative stabilité et prévisibilité de leurs flux de trésorerie".