Jeudi, les magistrats français mènent une grande journée d'action pour protester contre la mise en cause de leur travail par Nicolas Sarkozy. Philippe Van Tran, juge d'instruction au TGI de Pontoise, n'en fera pas partie. Il s'est suicidé le 16 septembre dernier. Dans une lettre écrite avant de mourir, publiée jeudi par le nouvelobs.com, il dénonçait sa charge de travail.
"J'ai tout donné à la justice"
"J'ai tout donné à la justice et à la magistrature. (...) On dit que je suis incompétent pour gérer mon cabinet alors qu'avec la meilleure volonté du monde, il est impossible de faire face à la charge de travail", écrit Philippe Van Tran.
Le juge d'instruction suivait 150 dossiers, dont 90 affaires criminelles, précise Le Nouvel Obs. "Personne ne vous félicite quand tout va bien et que vous vous épuisez au travail. [On] m'accable de tous ces maux et mes propres collègues ne m'ont soutenu qu'en apparence", écrit encore Philippe Van Tran.
Un premier appel à l'aide, incompris
Sous anti-antidépresseurs depuis le mois d'avril, le magistrat avait tenté de s'emparer de l'arme d'un policier en service au tribunal de Pontoise. Un geste désespéré qui ne lui avait valu que des convocations disciplinaires. Philippe Van Tran s'est jeté sous les roues du RER le 16 septembre, à la veille d'un rendez-vous avec le médecin du travail.
En 2010, l'Union syndicale des magistrats (USM) a recensé "au moins quatre ou cinq suicides" de magistrats. Deux fois plus que l'année précédente.