Le gouvernement continue vendredi matin de charger Météo France. Après le Premier ministre François Fillon qui avait critiqué les prévisions météorologiques de l'institut, Thierry Mariani en a remis une couche sur Europe 1.
Le secrétaire d'Etat aux Transports est allé dans le même sens que le chef du gouvernement : "Oui, Météo France avait bien prévu les chutes de neige, seulement l’intensité de ces chutes a été supérieure à celles qui avaient été annoncées. Ce n’est pas un détail", a-t-il affirmé à Guillaume Cahour. "Je ne maintiens pas que Météo France s’est planté. Mais je dis que les prévisions étaient différentes", a-t-il ajouté.
"Météo France a fait son travail"
Pour autant, Thierry Mariani a expliqué ne pas vouloir accablé l'institut météorologique. "On n’est pas dans une situation où il s’agit d’accabler les uns ou les autres. J’assume tout à fait les couacs de la crise, Météo France a fait son travail, la prévision était bonne mais n’était pas exacte. Mais qui pense que la météo - comme un certain nombre d’autres sciences - peut être parfaitement exacte ?", s'est-il interrogé.
L'intégralité de son interview :
Une polémique lancée par François Fillon, lui-même. Le Premier ministre, actuellement en visite à Moscou, a accusé l'institut jeudi de ne pas "avoir prévu cet épisode neigeux, en tout cas pas son intensité puisque les prévisions étaient de 3 centimètres et qu'il est tombé, je crois, 12 centimètres sur Paris même, et 20 centimètres sur certaines régions de la banlieue".
"Donc, il est incontestable que les services chargés du déneigement ont été pris au dépourvu. Je comprends tout à fait l'irritation des personnes qui ont été bloquées et qui ont été retardées", a-t-il justifié.
Des propos qu'a dénoncé Ségolène Royal. La présidente socialiste de la région Poitou-Charentes parle de "chaos" et dénonce "l'incompétence" du gouvernement. Elle demande au Premier ministre de présenter des excuses publiques aux Français.
Ce qu'a vraiment annoncé Météo France
Pour sa défense, Météo France assure avoir "fait la prévision parfaite dans un timing parfait. Les bulletins envoyés [mercredi] après-midi le prouvent". Pour Emmanuel Bocrie, un des ingénieurs prévisionnistes, l’organisme météorologique a parfaitement fait son travail.
Un avis partagé par Emmanuel Célaï, le secrétaire général de la CGT Météo France s'est dit "très surpris" du discours de François Fillon. Selon lui, ce sont des "propos exagérés et regrettables".
Les services de Météo France avaient pourtant annoncé dès mardi des chutes de neige abondantes sur la région parisienne, selon le service météo d’Europe 1 qui a conservé les bulletins de l'organisme météorologique.
Dans un premier bulletin consultable en cliquant ici, le mardi 7 décembre à 16h03, Météo France annonce "un nouvel épisode neigeux incluant un risque de verglas localisé et nécessitant une vigilance particulière". Une couche de neige pouvant aller jusqu'à "10 cm" est alors annoncée. Le mercredi 8 décembre à 16h11, dans un nouveau bulletin consultable ici, Météo France ajoute une mise en garde contre des "hauteurs de neige revues à la hausse sur le Bassin Parisien", "la couche pourra atteindre plus généralement 10 cm, localement 15 cm".
Une réunion vendredi
Désormais, il s’agit donc pour le gouvernement de se rattraper. François Fillon a annoncé la tenue d'une réunion vendredi autour du secrétaire d'Etat aux Transports, "pour qu'on tire tous les enseignements de cet épisode".
"Le problème aujourd'hui n’est pas de savoir s’il y avait sept ou douze centimètres. Le problème est aujourd'hui de tirer les enseignements de ce qui s’est passé pendant les dernières 24 heures", a précisé Thierry Mariani. Mais, a-t-il ajouté, "je pense qu’il y a des moments où l’Etat ne peut pas tout faire".
De son côté, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a annoncé vendredi avoir lancé officiellement sa "mission d'expertise" demandant à l'Inspection générale de l'administration (IGA) une "analyse de l'épisode neigeux" de mercredi. Concrètement, il demande à l'IGA, après l'épisode de mercredi, de "déterminer comment les enseignements des événements de 2003 ont été pris en compte", "analyser les points forts et les points faibles des mesures prises au cours de la journée" et "proposer des améliorations à apporter aux procédures, dispositifs et moyens d'action mis en place" notamment pour ce qui est de l'alerte, l'information des usagers ou la coordination des moyens.
"Une crise légère"
Autre polémique : le départ vers la Russie du secrétaire d'Etat aux Transports mercredi après-midi. Il a été bloqué dans l'avion en raison de la neige, avant de s'envoler vers Moscou. "J’étais dans l’avion, en bout de piste. Qu’est-ce que vous vouliez que je fasse ? Que je fasse revenir l’avion et que j’en descende ?!", a-t-il répondu à Guillaume Cahour lorsqu'il l'interrogeait sur le sujet. D'autant que "ça a été une crise, mais une crise bien légère", a-t-il assuré.