C'était en mars 1988. Confrontée à un frigo vide, sans emploi, Rozen Hicher décide de répondre à une petite annonce, parue dans un quotidien : Bar cherche hôtesse, rémunération tous les jours : fixe + pourcentage. Rozen se présente. Elle commence le jour même. Elle vient d'entrer dans l'enfer de la prostitution.
"Une fois qu’on est rentrés dedans, on n'arrive plus à s’en sortir. C’est la prostitution qui nous gère après, c’est l’argent. Ça nous permet d’être sécurisés au jour le jour", explique Rozen Hicher sur Europe 1.
"Je devais absolument arrêter de le vendre" :
" Il y a dix ans, je gagnais par mois environ 7.000-8000 euros", poursuit Rozen, aujourd'hui âgée de 55 ans. "Les deux dernières années, je gagnais 1.000-1.500 euros. Je ne pouvais plus, ça me prenait les tripes", insiste-t-elle.
Un jour d'octobre 2010, elle décide de tout arrêter. "J’ai pris conscience à un moment que mon corps je devais absolument arrêter de le vendre, que j’étais fatiguée, épuise, usée", raconte-t-elle." Le regard de mes fils et de mes filles devenait très difficile", ajoute Rozen.
Aujourd'hui, Rozen Hicher estime que "s’il y avait eu une loi à l’époque, si on avait fait de la prévention, si le client avait été pénalisé", elle aurait "moins gagné" et "elle aurait géré sa vie différemment".
"Il faut trouver une solution et la solution, c’est la pénalisation du client", affirme-t-elle.
Désormais pour cette grand-mère, l'heure est à la reconstruction. "Je me remets doucement de mes 22 années d’agressions sexuelles parce que j’estime que je me suis laissée agresser sexuellement tous les jours. Pour moi, ce sont des viols. Des viols que j’autorisais certes, mais des viols", insiste Rozen qui, maintenant, souhaite juste voir grandir ses petits-enfants.