Eric et Virginie Sabatier sont dans le box des accusés depuis lundi matin. Ils sont jugés pour avoir causé la mort de leur fille aînée Marina, âgée de 8 ans, après lui avoir infligé pendant plusieurs années sévices et coups particulièrement inhumains. Ils encourent la réclusion à perpétuité.
Aucun échange de regards des parents
La mère de Marina, âgée de 33 ans et cheveux blonds noués en queue de cheval, est arrivée toute de noir vêtue et larmoyante. Quant au père, âgé de 40 ans, cet homme brun, immense et maigre, s’est présenté avec un visage livide. A l’ouverture des débats, le couple divorcé depuis un mois n’a échangé aucun regard l’un pour l’autre. Tous deux ont écouté pendant plus d'une heure les motifs de leur mise en accusation, particulièrement cruels, tête baissée, comme en pénitence.
A en croire l’avocat d’Eric Sabatier, le père de la fillette "a envie de s'expliquer, d'assumer ce qui s'est passé" à l'égard de Marina et de ses enfants. "On va peut-être comprendre comment cette enfant n'a pas été aimée", a indiqué Me Boris Marie, faisant référence à "une mécanique du couple qui s'est mise en oeuvre".
L’autre défenseur de l'accusé, Me Véronique Dupuy, a fait référence à une notion avancée par un expert, la "conjugopathie", une "pathologie de la conjugalité" qui selon elle, "résume ce qui s'est tramé entre les deux parents". "Le calvaire de cette enfant ne se comprendra pas en quelques minutes. Il faudra du temps", a-t-elle expliqué.
De son côté, Me Philippe Condé-Piquer, avocat de Virginie Sabatier, a souligné que le drame était intervenu sur fond de "carences psychologiques et affectives graves". "Ce sont deux déséquilibrés qui se sont rencontrés. Le couple a fonctionné selon un mode autiste, coupé de l'extérieur", a-t-il dit, ajoutant que "les mauvais traitements se sont déroulés sur fond d'alcoolisation".
La calvaire de Marina a débuté à l'âge de 2 ans
L'enquête a montré qu'avant de mourir seule, dénudée au sous-sol de la maison familiale à Ecommoy, dans la Sarthe, dans une nuit d'août 2009, leur petite fille avait notamment subi une dernière fois le supplice de la tête plongée dans l'eau, et reçu une gifle si forte que sa tête avait été propulsée sur le rebord de la baignoire au point de le casser. On lui avait en outre fait ingurgiter du vinaigre accompagné de gros sel.
Parmi les scellés, les jurés peuvent apercevoir la caisse en plastique où le cadavre de la petite fille avait été placé, enseveli sous une une chape de béton et enveloppé dans un drap et des sacs poubelles, alors qu'elle était morte depuis plusieurs semaines. D'abord cachée dans le congélateur familial, son corps avait finalement été retrouvé dans un local technique d'une entreprise après que l'accusé eût simulé le 9 septembre 2009 un enlèvement, hypothèse vite écartée par les enquêteurs.
Le calvaire de Marina avait débuté en 2003, dès ses deux ans et demi. La petite fille avait eu droit aux premières douches glacées assorties de coups divers et d'insultes. La fillette avait été abandonnée sous X à sa naissance le 27 février 2001 mais sa mère s'était ravisée quelques jours plus tard. Le procès, programmé sur trois semaines, doit notamment expliquer pourquoi la fillette a été la seule des quatre enfants à se faire maltraiter.