Le chiffre noir. C'est une hécatombe. Près de 500 suicides ont été enregistrés sur les trois années 2007, 2008, 2009 chez les agriculteurs français, selon l'Institut national de veille sanitaire (INVS) qui publie jeudi la première étude officielle sur le sujet. Le suicide est ainsi la troisième cause de décès dans le monde agricole après les cancers et les maladies cardiovasculaires. Dans le détail, le taux de mortalité par suicide atteint ainsi 35,9 pour 100.000 travailleurs en 2009, dépassant celui enregistré chez les ouvriers (31,8 pour 100.000) et les salariés tous secteurs confondus (24,7 pour 100.000). Ce qui en fait l'une des professions les plus touchées par ce fléau.
Un phénomène difficilement mesurable. Les chiffres ci-dessus représentent le nombre moyen de suicides recensés en 2009 (sauf pour les médecins où la dernière étude crédible date de 2003). Ils proviennent de l'OMS (chiffres nationaux), de l'Office nationale des forêts, de l'INVS (agriculteurs), de l'Inserm (policiers), de la Caisse autonome de retraite des médecins de France, de la direction de France télécom ou encore du syndicat Sud (La Poste)… et reflètent la difficulté à disposer d'une mesure globale du phénomène dans le monde du travail.
Un "Observatoire des suicides et des conduites suicidaires". En 2011, 44 professionnels de la Santé, syndicalistes et intellectuels avaient donc lancé un "appel" pour que la France se dote d’un "instrument de connaissance et d’aide à la décision des pouvoirs publics, un 'Observatoire des suicides et des conduites suicidaires'". Ils ont été entendus, et cet Observatoire a été inauguré le 10 septembre dernier. Preuve de la difficulté de la tâche qui l'attend : la confusion qui règne sur le taux de suicides chez les enseignants français. Selon les chiffrages, il y en aurait entre 39 pour 100.000 (syndicats de gauche) et 6 sur 100.000 (gouvernement)...