La lettre de menaces attribuée Yvan Colonna, jugé pour la troisième fois pour l'assassinat du préfet de Corse, Claude Erignac, a été de nouveau au centre des débats mardi devant la Cour d’assises spéciale de Paris.
L’origine de la lettre reste mystérieuse
Très attendu, Christian Lothion, le patron de la police judiciaire, n’a finalement rien révélé. Stoïque face aux questions de la défense, il n’a pas donné le nom du mystérieux informateur qui lui a remis la lettre à l’origine du trouble dans le procès Colonna depuis vendredi soir.
Christian Lothion a simplement expliqué avoir reçu un appel de son informateur vendredi matin qui lui a remis dans la journée, en un lieu tenu secret, une photocopie de la lettre qu’il a transmis à la Cour.
La lettre assimilée à un "torchon"
La défense d'Yvan Colonna a pour sa part demandé avec véhémence mardi à la cour de "déclarer irrecevable" cette lettre. Pour Me Dupond-Moretti, il s’agit d’un "torchon". "La question est de savoir si on a tout le document, et si le document n’a pas été, pour partie, trafiqué", a-t-il fait valoir au micro d’Europe 1. "Cette réponse-là, on ne peut pas l’obtenir", a-t-il regretté.
Un autre avocat d’Yvan Colonna, Me Antoine Sollacaro a accusé le directeur central de la Police judiciaire de "se comporter en barbouze" et l'a menacé de plainte pour "faux et usage de faux". "En Corse, les barbouzeries, on connaît", a constaté l'avocat. "Si c'est un faux, je l'assumerai", a répondu de son côté Christian Lothion.
Dans le courrier incriminé, signé Yvan Colonna, l'auteur demande à son ancien ami Pierre Alessandri, qu'il considère désormais comme une "balance", de tout faire pour l'innocenter, faute de quoi ce serait "la guerre". Or, Pierre Alessandri, condamné par ailleurs à la prison à perpétuité, a fait savoir qu'il n'avait jamais eu cette lettre.
Du côté de la famille Erignac, on est "stupéfait"
Me Yves Baudelot, avocat de la famille Erignac, s'est dit quant à lui "stupéfait" d'entendre dire "qu'on est en présence d'un faux". Il a ironisé sur "l'extraordinaire rétropédalage de (ses) confrères" de la défense, en citant les déclarations à la presse de certains d'entre eux durant le week-end, qui ne semblaient pas douter de l'authenticité de la missive.
Pour Me Yves Baudelot, cette lettre "est de la main d'Yvan Colonna, montre ce qu'est sa personnalité (...) et nous rappelle que le tueur, c'est lui !". Yvan Colonna, 51 ans, pâle dans un tee-shirt blanc, qui s'affirme innocent du meurtre du préfet, n'a rien dit de cette lettre.