Nouvelle arme de la prévention routière ou jackpot commercial ? Alors que les éthylotests seront obligatoires dans votre boîte à gants à partir du 1er juillet, Sud Ouest révèle que le président de l'association à l'origine du décret du 28 février, qui rend obligatoire cet accessoire dans votre voiture, est aussi un salarié de l'entreprise qui les fabrique.
"Si c'est du lobbying, je dis oui"
En mars dernier, l'association I-Test, créée huit mois auparavant, a réussi à convaincre le gouvernement Fillon de mettre en place ce dispositif. Or Daniel Orgeval, président de cette association antialcoolisme, travaille également pour la PME Contralco qui fabrique une grande partie des éthylotests.
"Je vois difficilement les danseuses du Lido défendre les marins pêcheurs", rétorque sur Europe 1, Daniel Orgeval qui assume sa position et qui assure qu'il n'y a rien d'illégal. "Nous sommes force de proposition. C'est comme ça qu'il faut l'entendre. Si c'est du lobbying, moi je dis oui. On fait du lobbying pour la sécurité routière. On fait du lobbying pour les usagers. On faut du lobbying pour les industriels. Surtout si ça permet de ne pas délocaliser une entreprise française et que ça permet de créer des emplois. Et bien tant mieux", plaide ce bénévole au sein d'I-Test.
"Enrichir ses promoteurs"
Déjà leader mondial de ces ballons gonflables, Contralco va donc fournir des millions d'automobilistes français. Une aubaine. Comme le raconte Sud Ouest, cette PME, au bord de la faillite il y a quelques mois, a même dû embaucher car la demande devrait avoisiner les 5 millions d'éthylotests par mois.
Tout le monde est gagnant sauf "l'usager de la route", affirme de son côté Chantal Perrichon, représentante de la Ligue contre la violence routière. Selon elle, l'éthylotest ne servira qu'à "enrichir ses promoteurs". "Ils ont utilisé leur carnet d'adresses et ils ont réussi leur coup et ne peuvent que s'en féliciter. Mais les 37 millions de conducteurs obligés d'acheter un éthylotest chimique qui ne servira à rien, eux, peuvent déplorer l'incapacité des pouvoirs publics à faire de bons choix", accuse Chantal Perrichon au micro d'Europe 1.
Selon cette spécialiste de la prévention routière, dans 80% des accidents mortels, le conducteur a plus d'1,2 gramme d'alcool dans le sang. A ce niveau-là, éthylotest ou pas, le conducteur sait de toute façon qu'il n'est pas en état de conduire.