Les huit syndicats de la Fonction publique se sont mobilisés mardi pour les salaires dans la fonction publique lors d'une journée d’action nationale. Ils protestaient contre la décision du gouvernement de prolonger en 2012 le gel du point d’indice déjà à l’œuvre cette année. Mais leur demande de revalorisation du point d'indice s'est heurtée à une fin de non-recevoir du gouvernement.
Les syndicats unis
Les huit syndicats de la Fonction publique (CGT, CFDT, FO, FSU, Unsa, Solidaires, CFTC et CGC) avaient lancé un appel commun aux 5,2 millions d'agents des trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière) à se "mobiliser fortement", à la suite de l'annonce par le gouvernement mi-avril du gel du point d'indice, qui sert à calculer leur salaire pour la seconde année consécutive en 2012.
La CGT, premier syndicat de fonctionnaires, a recensé près de 150 manifestations et rassemblements en France. A Toulouse, ils étaient de 500, selon la police, à 1.800 manifestants, selon les organisateurs. A Strasbourg, entre 750 et un millier de fonctionnaires étaient descendus dans la rue.
A Paris, plusieurs centaines de fonctionnaires se sont rassemblés devant le ministère, à Bercy. Les syndicats espéraient ainsi rencontrer le ministre du Budget François Baroin, qui a repris les attributions du secrétaire d'Etat à la Fonction publique Georges Tron après sa démission.
"Nous sommes les mendiants de la République"
Bien qu'à la mi-journée, le gouvernement avait comptabilisé environ 5% de fonctionnaires grévistes, le gel des indices est un sujet qui insupporte très largement les fonctionnaires. Carmen, infirmière à l’Hôtel Dieu à Paris depuis 27 ans, ne supporte pas qu’on sacrifie le salaire des fonctionnaires sur l’autel de la rigueur.
"L’infirmière qui commence le matin doit être à 7h habillée dans son service, ça veut dire se lever à 5h du matin. Nous travaillons toute notre carrière quasiment un week-end sur deux", a expliqué Carmen au micro d’Europe 1. "Quand on nous dit les fonctionnaires sont gracieusement payés, on leur gèle le salaire et ils n’ont pas à se plaindre, c’est une vraie caricature", s’insurge-t-elle.
Philippe, agent de maîtrise aux hôpitaux de Paris, en est pour sa part convaincu : augmenter les fonctionnaires ne reviendrait pas à jeter l’argent par la fenêtre puisque cette augmentation serait immédiatement réinjectée dans le circuit économique. Philippe, qui gagne 1.500 euros par mois après 17 ans d’ancienneté, raconte que faute de pouvoir payer un loyer, plusieurs de ses collègues dorment dans une camionnette devant l’hôpital. "Nous sommes les nouveaux mendiants de la République", conclut-il.
François Baroin, droit dans ses bottes
Le ministre du Budget et de la Fonction publique, François Baroin, s'est quant à lui montré ferme face à la mobilisation des fonctionnaires. "Il ne peut pas y avoir de réouverture mais le dialogue est maintenu" et "nous poursuivrons la discussion, mais pas sur le point d'indice", gelé pour 2012 pour la deuxième année consécutive, a indiqué le ministre, interrogé sur France Inter.
"Malgré la crise", a-t-il argumenté, "le pouvoir d'achat des fonctionnaires a augmenté de plus de 3%" en 2010, hors inflation. Selon François Baroin, "sur le pouvoir d'achat, la question du point d'indice ne représente que 25% de la rémunération des fonctionnaires", le reste étant lié aux mesures individuelles et catégorielles.