Isabelle Prévost-Desprez a rapporté à deux journalistes du Monde, auteur de Sarko m'a tuer, les propos d'un témoin qui aurait vu Nicolas Sarkozy recevoir de l'argent en liquide chez Liliane Bettencourt. Une pratique inhabituelle dans le milieu des magistrats, soumis au devoir de réserve.
"Philippe Courroye lui était hostile"
Pour autant, les deux principaux syndicats de magistrats, le Syndicat de la magistrature (SM) et l'Union syndicale des magistrats (USM) ont pris la défense de leur consoeur. "Du off, les magistrats en entendent tout le temps, si ça concerne votre dossier, vous essayez de le vérifier par d'autres canaux. Mais là, les déclarations du témoin ne concernaient pas les faits dont la juge était saisie (l'abus de faiblesse, ndlr). "La seule chose qu'elle pouvait faire, c'était les acter, les envoyer au parquet de Nanterre, qui, dans le contexte qu'on connaît, se serait assis dessus", indique le président de l'USM Christophe Régnard.
Une référence à la guerre ouverte que se sont livrés pendant des mois la juge Isabelle Prévost-Desprez et le procureur Philippe Courroye. En charge du volet abus de faiblesse de l'affaire, la magistrate avait été dessaisie du dossier à l'automne 2010 au profit du tribunal correctionnel de Bordeaux. "Manifestement, Philippe Courroye lui était hostile et était en lien avec l'Elysée. Je comprends qu'elle ait eu du mal à s'en ouvrir auprès de lui", ajoute Mathieu Bonduelle, du Syndicat de la magistrature (SM).
Que risque Isabelle Prévost-Desprez ?
Après ses déclarations, Isabelle Prévost-Desprez pourrait se voir reprocher un manquement au devoir de réserve, voire une violation du secret professionnel. Elle pourrait être convoquée devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) sur demande de la Chancellerie ou du premier président de la cour d'appel de Versailles. Elle risque une sanction disciplinaire pour non respect du recueil des obligations déontologiques des magistrats. "Le magistrat respecte la confidentialité des débats judiciaires et des procédures évoquées devant lui; il ne divulgue pas les informations dont il a eu connaissance, même sous forme anonyme ou anecdotique", stipule le recueil.