"Je propose que soit mise à l’étude la création d’endroits où l’achat de services sexuels soit possible". Cette réflexion sur la réouverture des maisons closes émane de la députée UMP de Seine-et-Marne Chantal Brunel, dans un entretien au journal Le Parisien. Cette dernière doit prochainement participer à un groupe de réflexion sur le sujet et vient de publier l’ouvrage Pour en finir avec les violences faites aux femmes.
"On peut imaginer qu’elles se regroupent à plusieurs, à l’image des cabinets de professionnels, comme les experts comptables. Elles seraient à l’abri des agressions de la rue", a expliqué Chantal Brunel, qui veut donc relancer le débat sur les maisons closes, interdites en France depuis 1946.
L’élue doit prochainement rejoindre un groupe de travail au sein du ministère de l’Intérieur, qui sera créé le 25 mars pour réfléchir aux problèmes liés à la prostitution. Le but est de lancer une réflexion en s’inspirant de ce qui se fait à l’étranger, notamment en Hollande ou en Suisse.
59% des Français seraient pour
Selon un sondage CSA commandé pour l’occasion par Le Parisien, 59% des Français seraient favorables à la réouverture des maisons closes. Hommes et femmes n’ont pas le même avis sur la question : les premiers sont favorables à 70% à une réouverture, alors que les secondes ne sont que 49% à soutenir une telle proposition.
La proportion de personnes favorables aux maisons closes recule néanmoins. Un sondage similaire réalisé en 2003 recensait 63% d’opinions favorables. On estime qu’entre 20.000 et 30.000 prostituées proposent leurs services en France. 80% seraient d’origine étrangère.
L’indignation des associations
La réouverture de maisons closes est-elle bien perçue par les prostituées ? "Les travailleurs du sexe sont tout à fait contre. Les plus âgées ont connu, elles en ont souffert", analyse Françoise Gil, sociologue et membre de l’association Femmes de droit/Droits des femmes.
Le constat est le même du côté du Mouvement du nid, qui vient en aide aux prostituées et considère "qu’autoriser une telle chose dans le pays des droits de l’homme serait inacceptable".
Si Françoise Gil se positionne contre la réouverture des maisons closes, elle soutient l’autorisation des maisons ouvertes, lieu regroupant des prostituées mais sans proxénète ou responsable. Il suffirait pour cela "d’abroger l’article de loi pénalisant le racolage", et non d’autoriser l’ouverture de lieu dédiés aux services sexuels.
L’association regrette aussi que le groupe de réflexion ne comporte aucune association ou chercheur spécialisés.
- La proposition de Chantal Brunel est-elle le meilleur moyen de protéger les prostitué(e)s ?