Une perquisition chez Buisson. Nouvel acte dans l’affaire des sondages de l’Elysée. Une perquisition a été menée au domicile et dans les bureaux de Patrick Buisson, sondeur de son Etat et surtout proche de Nicolas Sarkozy, dont il est l’éminence grise. Longtemps repoussée par la justice en raison notamment de l’impunité du chef de l’Etat, l’enquête semble désormais sur les rails.
>>> Europe1.fr fait le point sur cette affaire.
Une présidence (très) gourmande en sondages. Après un long parcours judiciaire, marquée par deux non-lieux du parquet de Paris, un militant écologiste grenoblois, Raymond Avrillier obtient en février 2012 la permission de consulter tous les sondages commandés par l’Elysée entre 2007 et 2010. Au total, l’homme, qui a aussi recoupé les factures, estime la dépense, pour environ 300 sondages commandés en cinq ans, à 9,4 millions d’euros. C’est sur la base de ces nouveaux éléments qu’Anticor, association qui lutte contre la corruption, a à nouveau porté plainte en octobre 2012. Une plainte jugée cette fois recevable.
Des sondages sur tout et n’importe quoi. Outre le nombre, c’est le sujet sur lesquels ont porté les études qui peuvent parfois interpeller. A la demande de l’Elysée, les Français ont ainsi été questionnés sur le couple Nicolas Sarkozy Carla-Bruni, sur la grossesse de Rachida Dati, ou encore sur la venue de Tom Cruise à Paris. Certains sont nettement plus politiciens, comme celui sur les élections à venir, ou sur les personnalités du Parti socialiste. Autant de sujets qui "ne relèvent pas de la conduite de l'État", selon Anticor.
Le volet Buisson... C'est en quelque sorte l’enquête dans l'enquête. Le 1er juin 2007, soit moins d’un mois après sa prise de fonction, l’Elysée signe, par le biais de la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, une convention avec le cabinet d’études de Patrick Buisson, Publifact. Le contrat porte sur un versement de 1,5 million d’euros annuel, plus 10.000 euros mensuel. La Cour des comptes s'était étonnée en juillet 2009 de ce contrat, passé sans qu'"aucune des possibilités offertes par le code des marchés publics pour respecter les règles de la mise en concurrence (...) n'ait été appliquée". Anticor avait saisi la perche pour porter plainte. Sans succès.
… et les autres. En janvier, la justice a décidé d’étendre ses investigations à l'ensemble des sondages commandés durant le quinquennat Sarkozy aux sociétés Publifact, PubliOpinion, Giacometti-Peron, Ipsos, Ifop, OpinionWay, Sociovision, TNS Sofrès et CSA. Outre Publifact, une autre société est particulièrement dans le viseur : Giacometti-Peron, propriété du conseiller et ami de Nicolas Sarkozy Pierre Giacometti. En cinq ans, cette société a empoché 2,5 millions d'euros de la présidence de la République. C’est le juge d’instruction Serge Tournaire qui est chargé de l’enquête, pour d’éventuels faits de "favoritisme", "détournements de fonds publics", et de complicité et recel de ces délits.
Les sondages introuvables. La justice pourrait toutefois avoir bien du mal à mettre la main sur tous les sondages en question. La nouvelle équipe de l’Elysée est en effet incapable de retrouver une partie des documents. Les sondages commandés en 2011 et 2012 sous l'ère Sarkozy ne sont "ni aux archives ni aux services financiers" selon la directrice de cabinet de François Hollande, Sylvie Hubac, cité par Me Karsanti, avocat d’Anticor. L’enquête ne fait donc que commencer.