On savait déjà que les pesticides étaient dangereux pour la santé des consommateurs. Une étude, présentée mercredi et qu'Europe 1 s'est procurée, prouve désormais leurs effets néfastes sur la santé de ceux qui les utilisent dans leurs cultures. Les scientifiques ont observé l'évolution de la santé des viticulteurs de la région de Bordeaux, très exposés à ces produits phytosanitaires.
Les viticulteurs plus vulnérables
Le nombre de traitements et la variété de produits nécessaires pour traiter la vigne rend en effet les viticulteurs particulièrement vulnérables. Et selon l'étude réalisée par les chercheurs de l'Inserm et financée par l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail), leurs fonctions cognitives, comme la mémoire, la concentration ou encore la vigilance, se dégradent plus rapidement que celles de personnes qui ne sont pas exposées aux pesticides.
Plusieurs centaines de personnes ont été suivies pendant douze ans par les chercheurs de l'Anses, l'agence sanitaire française. Après quatre ans, les personnes exposées aux pesticides avaient déjà des performances en baisse comparées à un groupe de personnes non exposées. Et les toutes dernières données recueillies, au bout de 12 ans, confirment cette tendance : la moitié des viticulteurs suivis sont victimes d'une détérioration notable de leur santé.
Parkinson et Alzheimer favorisées
Les troubles provoqués par les pesticides peuvent même mener à l'apparition de maladies neurodégénératives, comme Alzheimer ou Parkinson. Cette dernière est d'ailleurs aujourd'hui reconnue comme maladie professionnelle pour les agriculteurs et les viticulteurs.
Cette étude permet notamment de dresser avec plus de précision la liste des effets de chaque substance. Un élément essentiel pour la recherche car de nouveaux produits arrivent régulièrement sur le marché mais ils ne sont testés qu'en conditions de laboratoire, sur des animaux par exemple. Avec ces nouvelles données, aussi complètes et aussi solides, basées sur les expositions réelles des personnes, il sera plus facile de faire de la prévention, voire de prendre des mesures d'interdiction, selon les différentes classes de pesticides.