La pression monte dans les rangs policiers, de moins en moins enclins à respecter leur devoir de réserve. Près de 200 agents ont manifesté mardi soir sur la place Bellecour de Lyon pour dénoncer leur ras-le-bol face à des moyens en baisse, une pression hiérarchique grandissante et des relations avec la justice compliquées.
Ils n’hésitent plus à manifester
Après avoir surveillé les défilés syndicaux du 1er mai, les policiers de Lyon ont, eux aussi, organisé leur propre rassemblement. Réunis au milieu d’une nuée de gyrophares place Bellecour, en plein cœur de la ville, près de 200 agents ont scandé : "Policiers en colère ! Policiers en colère !"
La mise en examen d’un policier pour homicide volontaire, après qu’il ait tué un multirécidiviste d’une balle dans le dos à Noisy-le-Sec, a été le déclencheur. La notion d'homicide "volontaire" a insupporté les forces de l'ordre. Après une première manifestation-surprise sur les Champs-Élysées, les policiers continuent donc de faire monter la pression.
"Les délinquants sont mieux considérés que nous"
"Il vaut mieux être délinquant que policier aujourd’hui et je trouve cela pas normal", a ainsi dénoncé un policier, "les délinquants sont mieux considérés que nous, ils sont mis hors de cause alors qu’ils devraient être mis en prison.
"On est toujours obligés de se justifier, il faut faire attention à ce qu’on fait. C’est un grand ras-le-bol", ajoute ce policier visiblement en colère. Son collègue renchérit : "à chaque fois qu’un fonctionnaire de police est décoré, en général c’est à titre posthume. Quand il se passe quoi que ce soit, le policier est mis en examen".
"On travaille sur le fil du rasoir"
Malgré les appels à la retenue lancés par la hiérarchie, un autre policier rebondit. "On travaille sur le fil du rasoir", rappelle-t-il. "Demain, on peut aller au travail en ayant une affaire qui ressort d’il y a trois jours, où cela s’est mal passé avec un individu qui dépose plainte et voilà : c’est vous qui êtes dans la machine judiciaire. Ca s’est mal passé, il y a des témoins, des gens qui ont vu des trucs ou inventé des trucs, etc.", témoigne-t-il.
Quant à l’affaire de Noisy-le-sec qui a mis le feu aux poudres, la justice a visiblement voulu temporiser : elle privilégie désormais l'hypothèse d'un tir de panique en lieu et place d’un homicide volontaire. L’autre signal attendu par les policiers porte sur une réforme de la légitime défense.