Le comportement des forces de l'ordre devra désormais être irréprochable. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a demandé lundi aux policiers de proscrire le tutoiement dans leur mission mais aussi les contrôles d'identité "abusivement répétés ou réalisés sans discernement".
"Je demande que les policiers s'astreignent à une certaine distanciation professionnelle en conservant leur sang-froid en toute circonstance et en proscrivant le tutoiement", a-t-il souligné dans un discours prononcé lors du baptême de la 62e promotion de commissaires de police de l'Ecole Nationale Supérieure de Police de Saint-Cyr-au-Monts-D'or, près de Lyon.
La déontologie comme pierre angulaire
Manuel Valls s'est déclaré "inflexible quant au respect des règles de déontologie", tout en disant comprendre les policiers. "Je sais bien que ce n'est pas toujours facile face à l'adversité la plus arrogante, aux insultes, à l'irrespect, aux caillassages, et même qu'il existe des tutoiements plus respectueux dans le ton que certains vouvoiements", a-t-il ajouté.
Autre rappel du ministre de l'Intérieur : la nécessité d'éviter les contrôles d'identité intempestifs. S'ils sont "indispensables", "non motivés ou proportionnés, le risque fort existe que certains contrôles ne fassent qu'alimenter le ressentiment d'une partie de la population", a rappelé Manuel Valls. "En tant que chefs de service, vous devrez veiller à proscrire les contrôles abusivement répétés ou réalisés sans discernement", a-t-il dit. "Il y a des comportements antisociaux à réguler ou à combattre mais seule la minorité des jeunes de nos quartiers qui en est responsable, doit en répondre."
Lutter contre le "délit de faciès"
Un vœu qui entre dans le cadre des "60 engagements pour la France" de François Hollande. Le candidat socialiste avait exprimé sa volonté de lutter "contre le "délit de faciès" dans les contrôles d'identité par une procédure respectueuse des citoyens". Ainsi, des récépissés pourraient être remis aux personnes contrôlées comme l'a indiqué le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Cette piste, accueillie avec frilosité par les syndicats de police, est en cours d'évaluation. Manuel Valls a demandé un rapport au défenseur des Droits et entend consulter la Commission nationale Informatique et libertés (Cnil).
D'autres outils pourraient aussi être utilisés comme la remise d'un simple coupon du type "carte de visite". Contrairement au récépissé, il ne nécessite pas la création d'une base de données. Le matricule, disparu des uniformes en 1985, pourrait enfin faire son grand retour.
"Pas de familiarité" avait dit Sarkozy
Cette démarche d'exemplarité n'est pourtant pas une nouveauté. En mai 2011, lors de l'inauguration d'une brigade de gendarmerie à la Londe-les-Maures, dans le Var, le président Sarkozy avait tenu un discours similaire, rappelle Le Nouvel Observateur. "Parce que vous êtes la loi de la République, vous devez être exemplaires", avait souligné Nicolas Sarkozy. "Pas de familiarité, on ne tutoie pas", avait-il insisté. "Ce ne sont pas des détails. Si on veut être respecté des gens, il faut avoir un comportement respectueux".