Le procès. Marcel ne parvient pas à se remettre de la mort de Nicole. Cet ancien agent d'entretien de 93 ans sera pourtant jugé à partir de mercredi par la cour d'assises de Reims pour le meurtre de Nicole, 82 ans, en 2011. L'accusé avait expliqué ne pas avoir supporté que son amie de 20 ans le mette à la porte après l'avoir accueilli quelques temps chez elle, alors qu'il avait "un béguin" pour elle.
Le "prolétaire" et la "grande bourgeoise". C'était une belle amitié qui durait depuis plus de 20 ans, entre Marcel "le prolétaire" et Nicole "la grande bourgeoise", selon les mots de Me Jean-François Delmas l'avocat de l'accusé. Lui, bûcheron dès l'âge de 14 ans, puis vitrier et agent d'entretien. Elle, avait fait "un riche mariage". Les deux, avec leurs conjoints respectifs, partaient même régulièrement en vacances ensemble.
Nicole invite Marcel. Pendant l'été 2011, Nicole se retrouve seule dans sa grande propriété dans la Marne, alors que son mari, décédé depuis, est hospitalisé. Elle demande alors à Marcel, veuf depuis 2004, de s'installer chez elle, le temps de trouver un gardien. Mais trois semaines plus tard, Nicole congédie son ami, sans explication. "Il ne le comprend pas et ça le rend extrêmement triste. D'un seul coup, vous ne comprenez plus ce questionnement. Vous prenez votre voiture et vous vous dites, j'y vais, en espérant avoir un début d'explication", analyse l'avocat de Marcel au micro d'Europe 1.
Une "rompée" pour l'avoir humilié. Le corps de Nicole est retrouvé début décembre 2011 dans le ruisseau qui traverse la propriété. L'autopsie confirmera qu'elle est morte après avoir reçu de nombreux coups violents et avoir été étranglée. Après 5 mois d'enquête, Marcel est arrêté. Confondu par l'analyse ADN de traces de sang retrouvées sur sa montre abandonnée sur la scène de crime, le vieil homme a reconnu une partie des faits expliquant qu'il avait été humilié par la victime et qu'il s'était rendu chez elle de nuit pour lui infliger une correction, une "rompée" avait-il précisé aux enquêteurs. Marcel explique qu'il avait "un certain béguin" pour la victime. Il avait alors "ruminé une sorte de vengeance au regard de l'humiliation qu'il a ressentie après avoir été repoussé", selon le parquet.
"Un crime d'orgueil". Pour l'avocat de la famille de Nicole, "ce n'est pas un crime d'amour mais un crime d'orgueil commis par un homme frustre qui a fait subir à cette femme pleine de vie un véritable calvaire". Jugé pour "meurtre sur personne vulnérable", Marcel risque la réclusion criminelle à perpétuité. Mais c'est un vieil homme diminué par "quelques absences et des problèmes d'audition" qui comparaîtra mercredi devant les jurés des assises. Son avocat Me Delmas assure d'ailleurs que "les débats risquent d'être compliqués : hormis sa surdité, ce qu'il a fait lui fait horreur et il cherche à l'occulter pour pouvoir mourir tranquillement même si cela est impossible".