Marie-Jeanne Bozzi faisait partie d’un clan, celui des Michelozzi. Elle était même considérée comme une chef de bande. Quinquagénaire, Marie-Jeanne Bozzi était la sœur de Jean-Toussaint Michelozzi et d'Ange-Marie Michelozzi. Ce dernier était une figure du grand banditisme de l’île de Beauté. Il a été assassiné au volant de sa voiture, alors qu’il rêvait d’être le "parrain" du sud de la Corse et de succéder ainsi à Jean-Baptiste Jérôme Colonna, dit "Jean-Jé", mort en 2006.
Quant à son autre frère, Jean-Toussaint Michelozzi, il est aujourd’hui en prison. Il a été condamné en janvier dernier à cinq ans de prison par le tribunal correctionnel de Marseille. L’homme a voulu venger son frère mais a été arrêté avant de passer à l’acte. Pour se faire, il avait formé un complot avec son neveu et fils d’Ange-Marie Michelosi. Ce dernier, qui porte le même nom que son père, a été condamné à deux ans de prison pour transport d'armes.
Deux condamnations
Il y a deux ans, Marie-Jeanne Bozzi avait été soupçonnée d’avoir prêté une voiture à des tueurs. Ces hommes devaient s’attaquer à Alain Orsoni, le grand rival de ses frères. Mais l’opération avait échoué. Pour cette affaire, elle avait d’ailleurs été mise en examen en 2009, avant de bénéficier d'un non-lieu. Pour autant, elle ne se sentait pas menacée, a affirmé son avocate. Surtout pas à Porticcio, où elle a été tuée.
Marie-Jeanne Bozzi avait été maire de cette station balnéaire très huppée, deuxième commune la plus riche de Corse-du-Sud. Avec son mari, elle gérait une discothèque à Porticcio. En 2002, elle avait été condamnée pour proxénétisme. Malgré cela, elle avait été réélue triomphalement, avec 75% des voix. De nouveau condamnée cinq ans plus tard, pour fraude fiscale cette fois, elle a alors laissé son siège et son écharpe à sa fille, Valérie Bozzi, qui venait de terminer ses études pour devenir avocat.
Jeudi, l’ancienne élue a été abattue en pleine rue. "Tuer une femme en Corse, c’est particulièrement rare", a rappelé Thomas Pison, le procureur d'Ajaccio, sur Europe 1. Marie-Jeanne Bozzi croyait, sans doute, que son statut de femme la mettrait à l’abri des règlements de comptes.