Les laboratoires Servier ont démenti mercredi sur RTL avoir exercé une quelconque pression dans la rédaction d'un rapport du Sénat sur le Mediator. Le Figaro affirme pourtant que les laboratoires ont fait modifier ce rapport en leur faveur. Le quotidien se fonde sur la retranscription d'écoutes téléphoniques, auxquelles il a pu avoir accès, entre le numéro 2 de Servier Jean-Philippe Seta et Claude Griscelli, grand professeur de médecine. La conversation que reproduit Le Figaro aurait eu lieu le 24 juin dernier entre les deux hommes.
"J'ai beaucoup accentué les reproches sur l'Afssaps"
Lors de ces conversations téléphoniques, Claude Griscelli raconte ses rencontres avec la sénatrice UMP Marie-Thérèse Hermange, chargée d’un rapport sur le médicament après le scandale du Mediator. Ses déclarations sont sans ambiguïté : "elle m’a demandé de venir travailler avec elle, je me suis fichu des choses nulles mais j’ai regardé dans le rapport les phrases-clés sur la responsabilité de Servier". Et d’ajouter : "j’ai donc fait changer pas mal de choses", "j’ai beaucoup accentué les reproches sur l’Afssaps" (l’Agence du médicament).
La sénatrice Marie-Thérèse Hermange reconnaît avoir rencontré ce scientifique, qui se vante d’avoir chargé l’Etat pour minimiser le rôle de Servier. Mais elle assure que cela n’a rien changé à son rapport : "j’ai eu une discussion avec Claude Griselli sur l’aspect scientifique du problème, mais aucun élément du rapport n’a été modifié à la demande de qui que ce soit", affirme-t-elle au micro d’Europe 1. Et la sénatrice insiste pour ajouter que son rapport a été voté à l’unanimité par la commission du Sénat.
Pour le député PS Gérard Bapt, président de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur le Mediator, ce dernier développement de la "saga" Mediator est "hallucinant". "La présence au sein de la plus haute instance administrative, française, le Conseil d'Etat, de ce Monsieur (Griscelli) devient totalement inadéquate", a-t-il considéré. Il a enfin dit que "de tels agissements ne peuvent pas rester à l'écart d'une enquête de la justice".