La "mendicité agressive" est dans le viseur du nouveau préfet de police de Paris. Bernard Boucault a décidé de s'y attaquer... en ne renouvelant pas les arrêtés anti-mendicité pris il y a un an dans les zones touristiques de Paris. Le nouveau préfet de police de Paris souhaite en fait changer de cap et aller droit au but en visant les chefs de réseau qui exploitent ces mendiants et qui récupèrent l'argent récolté. Une stratégie qui s'est révélée payante dans d'autres régions en France.
Certains mendiants arrêtés 90 fois
En six mois, les policiers parisiens ont dressé 2.000 procès-verbaux dans les quartiers des Champs-Elysées, des Grands magasins et du Louvre où les arrêtés anti-mendicité étaient en vigueur. Mais quasiment aucune contravention n'a été payée. Principale cible de ces PV : les mendiants roumains.
De même, l'effet dissuasif de ce dispositif semble être limité : certains ont été arrêtés 90 fois, et aucune reconduction à la frontière n'est prévue faute, selon les juges, de trouble à l'ordre public.
Les mendiants sont "des gens poussés par leurs chefs et la misère dans laquelle ils se trouvaient, contraints de dormir sur des matelas récupérés dans des déchetteries en plein air, dans des squats ou dans des canalisations d'évacuations d'eaux pluviales, dans des voitures épaves", relate au micro d'Europe 1 le commissaire Guffon. "Ces gens étaient obligés de rembourser des dettes contractées à l'étranger. Par exemple : pour 1.000 euros empruntés, ils devaient rembourser 10.000 euros sous la pression et sous la menace", ajoute-t-il.
L'exemple de la Haute-Savoie
D'où la nécessité de s'attaquer aux têtes de réseaux. A Annemasse, en Haute-Savoie, près de la frontière suisse, une enquête au long cours a ainsi permis d'interpeller sept personnes. Ces Roumains sont suspectés d'avoir exploité des mendiants qui faisaient l'aller-retour à Genève dans la journée. Au total, plus de 100.000 euros auraient ainsi été récoltés et directement envoyés en Roumanie.
Le "système clanique" en place vise à être "explosé" par la police judiciaire pour réduire au maximum la "mendicité agressive". Mais les policiers savent que cet été, dans les stations balnéaires, il faudra aussi multiplier les patrouilles pour éviter les escroqueries à la charité ou les fausses pétitions.