En février, un rapport sur la sécurité alimentaire publié par la très sérieuse Cour des comptes révélait l’insuffisance des contrôles et des sanctions dans la filière agroalimentaire, la non-conformité de certains abattoirs et d'autres "anomalies graves". Jeudi, le Télégramme révèle que ce rapport était en réalité tronqué et que les Sages de la rue de Cambon vont bien plus loin que ce qui a été présenté. Au menu : les produits "premier prix" dont la composition s’avère écœurante.
Ce que contiennent vraiment les produits "premier prix". Le premier rapport rendu public était tronqué et se concentrait sur le côté administratif de la sécurité alimentaire. Le texte complet rentre lui dans les détails de la composition des aliments "premier prix". "Des viandes grises-verdâtres impropres à la consommation humaine dans des charcuteries, moisissures, souris vivantes ou mortes, excréments de souris dans des étuves à chorizo", détaille le quotidien breton. Les experts pointent encore des manquements graves aux conditions d'hygiène et des failles de traçabilité.
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Du manque de contrôle à l’absence de sanction. Même s’ils sont peu nombreux, les contrôles existent. Mais les rapports sont rendus uniquement à la Direction générale de l'alimentation (DGAL), rattachée au ministère de l’Agriculture. Or la Cour des comptes pointe notamment la "réticence des agents" à verser dans la répression ou la "défaillance de la hiérarchie à tous les échelons". Face à eux, des agriculteurs "agressifs et en détresse", les procureurs, qui "hésitent souvent à engager des procédures pénales, et renvoient les services vers des suites administratives".
La Direction générale de l'alimentation du ministère de l’Agriculture a deux missions : développer l’économie et assurer la sécurité alimentaire. Deux objectifs qui peuvent rentrer en conflit comme s’en inquiète la Cour des comptes. "Le développement économique semble être un objectif aussi important, sinon primordial, pour la DGAL, et ce, même dans l'exercice de sa mission de protection de la sécurité sanitaire des aliments (...) La DGAL a tendance à privilégier l'accompagnement des professionnels plutôt que la sanction des écarts".
La transparence, l’arme pour faire plier les professionnels. Si les sanctions ne sont pas appliquées, la Cour des comptes recommande de rendre publics les dysfonctionnements. En donnant "une grande publicité" aux enquêtes, les Sages estiment disposer d’une "arme qui exposerait les professionnels ne respectant pas les règles aux sanctions directes des consommateurs" et "aiderait également les services à résister davantage aux pressions locales". Mais les conséquences sociales de cette option ne sont pas négligeables : l’ex-entreprise Spanghero, au cœur du scandale de la viande de cheval, a demandé son placement en redressement judiciaire, malgré son changement de nom et de propriétaire.
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