En pointe sur les affaires de santé publique, Gérard Bapt a été nommé mercredi président de la future mission d’information sur l’affaire du Mediator. Et le député PS de Haute-Garonne est bien décidé à faire toute la lumière sur un scandale qui a coûté la vie à des centaines de patients. "L’épidémiologie a dit 1.000 à 2.000, concernant uniquement les valvulopathies", a rappelé ce cardiologue jeudi sur Europe 1. "Donc sans tenir compte des hypertensions artérielles pulmonaires et des éventuels suicides, liées aux désordres neuro-psychiatriques."
"Oui, le laboratoire Servier a menti"
Gérard Bapt va donc multiplier les auditions. "Nous allons auditionner tout le monde. Et bien sûr Jacques Servier, l’un des protagonistes de cette affaire, et classé par Challenges 9e fortune française". Le président-fondateur du laboratoire Servier, qui a commercialisé le médicament, doit donc affûter ses arguments. Car le député socialiste, lui, n’a pas hésité à accuser. "Oui, le laboratoire Servier a menti", a-t-il affirmé. "Il a masqué la véritable nature de sa molécule, qui était étiquetée simple antidiabétique, alors qu’il était aussi un anorexigène. Il a menti, mais personne n’a pu débusquer ce problème."
C’est donc aussi les failles de tout un système qui devront être mises au jour. D’où les auditions de "tous les ministres concernés, en commençant par Hervé Gaymard, en poste en 1996, jusqu’au ministre actuel, Xavier Bertrand, qui affiche sa volonté sans faille de faire la transparence sur cette affaire", a encore indiqué Gérard Bapt. "Tous les fonctionnaires et experts concernés seront aussi entendus."
"Il y aura des procès"
Dans le viseur de l’élu, les éventuels conflits d’intérêts. "Certains experts étaient sous influence, certains étaient compétents. Mais d’autres n’ont pas osé aller jusqu’au bout de leur action. Car il y a non seulement un conflit d’intérêt avec l’industrie, mais aussi un petit monde qui n’est pas transparent, où les associations de patients et les experts indépendants n’ont pas droit de cité. Les conflits d’intérêts, c’est aussi des services rendus, des amitiés, des connivences. Et de la connivence à la complaisance, il n’y a qu’un pas", a martelé Gérard Bapt, avant de résumer : "c’est tout le système qui est délabré".
La mission d’information se bornera à "montrer les dysfonctionnements et la façon dont on peut remédier à cela par plus de démocratie sanitaire et de transparence. Il y aura des responsabilités individuelles, mais ce n’est pas aux députés de sanctionner cela", a estimé Gérard Bapt, qui compte donc sur la justice. "Il y aura très certainement des procès. Des actions sont déjà engagées, a-t-il rappelé. "Et ce serait anormal que l’assuré social paye pour les fautes du système et du laboratoire Servier."