Moins de deux semaines après la grande pagaille de Noël à l’aéroport de Roissy, les autorités cherchent toujours à déterminer les responsabilités de ce fiasco. La réponse devrait tomber lundi, quand le rapport Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) rendra son rapport, commandé par la ministre des Transports Nathalie Kosciusko-Morizet. Mais selon Le Figaro de mercredi, c’est Aéroports de Paris (ADP) et son P-DG Pierre Graff, qui portent la plus grande par de culpabilité dans cette affaire.
La colère d’Air France
Selon le quotidien, ADP a d’abord minimisé la pénurie de glycol, un produit utilisé pour dégivrer les avions. Pierre Graff avait bien adressé une lettre au ministère des Transports avant les chutes de neige pour s’inquiéter d’un risque de pénurie, mais concluait "qu'il était encore possible de faire face aux épisodes neigeux annoncés par Météo-France". Et ce n’est que le jeudi 23 décembre au soir que le P-DG d’Aéroports de Paris a annoncé pour la première fois à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et aux compagnies aériennes une rupture de stock du précieux dégivrant.
Une annonce beaucoup trop tardive notamment pour Air France, contrainte d’annuler à la dernière minute 98 vols. Sur 48 d’entre eux, les passagers étaient déjà montés dans leur avion, et ont été contraints d’en redescendre après plusieurs heures d’attente sur les pistes. "Une annonce de pénurie quelques heures plus tôt nous aurait permis d'annuler nos vols de la tranche 17 heures-21 heures", assure un cadre d'Air France cité par Le Figaro. "Nous n'avons pas pu informer nos passagers et avons eu à subir leur colère." Plus de 2.000 personnes seront contraintes de dormir dans les aérogares de l’aéroport francilien. Deux agents ont été victimes de violences de la part de passagers en colère.
Mouvement social
ADP aurait par ailleurs commis une autre faute, toujours selon Le Figaro. L’organisme aurait fait face à un mouvement social des salariés de sa filiale Alyzia, chargée du dégivrage des avions. Suite à l’accident d’un tracteur, les employés exigeaient le déneigement de leurs quatre aires de travail. Deux des quatre zones ont finalement été déneigées jeudi en début d’après-midi, mais l’opération a bloqué tout dégivrage d’appareil pendant deux longues heures, avec des conséquences évidentes sur les décollages. Les deux autres aires seront déneigées quelques heures plus tard, avec de nouvelles perturbations.
Pendant la crise, les autorités avaient avancé la qualité de la neige, particulièrement collante, pour expliquer les retards pris dans le dégivrage. Le rapport de la CGEDD, s’il est conforme à l’enquête du Figaro, devrait avancer d’autres explications. Le ministère des Transports devra alors trancher sur les responsabilités de chacun. Et décider d’éventuelles sanctions.
ADP reste de son côté droit dans ses bottes. "Je n'ai pas l'intention de démissionner. J'ai le sentiment d'avoir la confiance des pouvoirs publics, j'ai le sentiment qu'on a fait notre travail", a déclaré Pierre Graff sur France Inter. Le P-DG d'ADP veut toutefois tirer les leçons de la grande pagaille ? "Par principe de précaution, si on doit subir des hivers comme celui-là, pourquoi ne pas se suréquiper? Certains vont me reprocher d'investir pour rien mais je suis prêt à le faire. Je ne vais rien demander à l'Etat. ADP s'assume et finance."