Il est l'actuel procureur de la République de Nanterre. Philippe Courroye va être nommé prochainement avocat général à la cour d’appel de Paris, selon les informations recueillies par Europe 1. Pour ce magistrat réputé proche de Nicolas Sarkozy, mis en cause dans l'affaire dite des fadettes, ce changement d'affectation est loin d'être une promotion.
"La mutation dans l'intérêt du service ne peut être interprétée que comme une sanction disciplinaire travestie en décision administrative (...). Elle est le point d'orgue choquant d'une volonté d'abattre un grand magistrat orchestrée par quelques médias et certains militants de syndicats de magistrats", ont affirmé Me Maître Jean-Yves Dupeux et Me Francis Teitgen dans un communiqué.
"Ramener une sérénité qui faisait défaut"
La mutation est sur le point d'être entérinée. Le ministère de la Justice va proposer son nom vendredi au Conseil supérieur de la magistrature. Le CSM rendra son avis à la fin du mois. Reste que s’agissant d’un magistrat du parquet, le ministre de la Justice n’est pas tenu de suivre cet avis purement consultatif.
Quoi qu'il en soit, l'Union syndicale des magistrats a qualifié la mutation de Philippe Courroye de "changement salutaire". "Cela contribuera assurément à ramener une sérénité qui faisait défaut dans la juridiction et permettra à la Justice de ramener une image apaisée et moins politisée", précise le communiqué.
Courroye, un magistrat controversé
Cette réaffectation de Philippe Courroye constitue le premier grand changement dans le monde de la justice depuis l'arrivée de François Hollande au pouvoir. Philippe Courroye se voyait plutôt procureur de la République de Paris ou procureur général de Versailles.
Mais Philippe Courroye reste un magistrat controversé, sur fond de proximité avec des dirigeants d'entreprises et des hommes politiques, Nicolas Sarkozy en tête. Avec l’affaire Bettencourt, en guerre avec la présidente du tribunal de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, cet admirateur de Napoléon avait vu sa réputation égratignée. C’est en voulant exposer les liens entre la magistrate et la presse qu’il aurait lancé des policiers sur la piste de journalistes. Visé dans l'affaire des fadettes, le procureur de Nanterre est l'objet d'une plainte pour "intrusion illégale dans la vie professionnelle" déposée par le journal Le Monde. Sa mise en examen a été annulée mais il reste l'objet d'une enquête du Conseil supérieur de la magistrature.