Le dernier rapport annuel sur la criminalité de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ODNRP) est instructif : il fourmille de détails sur les personnes arrêtées pour trafic et vente de drogue. Le trafic de drogue étant illégal, les auteurs de ce rapport, Nasser Lalam et Franck Nadaud préviennent : “Les données disponibles relatives au profil des trafiquants proviennent pour l’essentiel des services répressifs. D’emblée, indiquons que ces données sont le reflet des priorités et stratégies policières“.
Leur étude dresse donc le portrait “des trafiquants connus des services répressifs“, et non du dealer en général. Il n’en demeure pas moins instructif sur le profil des trafiquants. Extraits.
Des gens “compétents“. Loin du cliché du chômeur abruti par la consommation de drogue, les dealers “doivent déployer des ressources importantes pour échapper à la répression et pour pérenniser leur(s) activité(s). Autant d’éléments qui montrent que les opérateurs font preuve de certaines compétences“, analyse le rapport.
85% des dealers ont un vrai travail. C’est la principale surprise du rapport de l’ORDP. “La grande majorité des trafiquants se trouve au moment de leur interpellation en situation d’activité professionnelle. Près de 85 % des trafiquants internationaux et locaux occupent un emploi. En contradiction avec nombre d’analyses et de représentations qui tendent à valider la thèse que le trafic est le fait, en grande partie, d’individus désinsérés“, analyse le rapport.
11,5% de chômeurs seulement. “L’effectif des chômeurs et sans profession s’élève à 4 737, c’est-à-dire 11,5 % de l’ensemble“, poursuit le rapport. Les dealers ne chôment pas, sauf dans le cas des emplois fictifs ou de façade, mais qui ne concernent qu’une minorité des dealers, principalement les trafiquants internationaux.
Le cannabis avant tout. Malgré l’afflux croissant de cocaïne en France, les dealers sont à l’image de la société française : ils sont principalement arrêtés pour trafic de cannabis. “56% des dealers arrêté sont concernés“, notent les auteurs du rapport.
27,8 ans d’âge moyen, mais de grandes disparités. “L’âge moyen du trafiquant se situe à 27,8 ans. Le trafiquant le plus jeune est âgé de 11 ans et le plus âgé de 107 ans“, observent les auteurs, avant de préciser : “Une séparation nette apparait néanmoins : les décideurs et financeurs sont âgés entre 40 et 70 ans, les exécutants et trafiquants locaux ont entre 20 et 40 ans.“ Les plus jeunes sont, eux, quasi-systématiquement engagés dans le trafic local.
Des Français avant tout. Les étrangers ne sont donc pas surreprésentés dans les statistiques établies. “Les trafiquants étrangers représentent 22,5 % de l’ensemble des trafiquants interpellés en France et les trafiquants français 77,5 %“, notent les auteurs du rapport.
Peu de femmes. “La présence des femmes dans le trafic est minime“, avertit le rapport, mais elles “ont une probabilité plus faible que les hommes d’être interpellées par les services répressifs“. Elles représentent donc “environ 10 % de l’ensemble des trafiquants Jusqu’à présent, aucune organisation composée exclusivement de femmes n’a été démantelée“. Les femmes sont le plus souvent impliquées dans le blanchiment d’argent et le transport de drogue (en tant que “mules“). Les autres ont été arrêtées en leur qualité de femme ou de concubine de trafiquant.