Rebaptisé. Exit la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), place à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) : les renseignements intérieurs changent de nom lundi. Et ce changement de sigle n'est pas anodin. Les policiers de la DGSI disposeront désormais d'une vraie autonomie financière. L’objectif est de diversifier le profil de nos espions, tout en leur confiant d’avantage de moyens, notamment pour recruter des experts de haut niveau.
Les raisons de la réforme. Tirant les leçons des dysfonctionnements mis en lumière par l'affaire Merah, Manuel Valls avait annoncé en 2013 une réforme des services de renseignement. L’objectif est simple : refonder les renseignements intérieurs pour s’adapter aux nouvelles menaces, notamment terroristes. La nouvelle DGSI sera ainsi le bras armé du plan anti-djihad lancé ces derniers jours par le successeur de Manuel Valls à Beauvau, Bernard Cazeneuve.
Ce qui va changer. Comme les espions de la DGSE, qui se consacrent à l’étranger et sont rattachés au ministre de la Défense, les policiers de la DGSI seront désormais directement rattachés à leur ministre de tutelle. En clair, ils quittent le giron de la police nationale et disposent désormais d'une vraie autonomie financière.
Très concrètement, cela signifie que, comme la DGSE, la CIA ou les services secrets britanniques, la DGSI n’est plus un simple service policier mais un vrai service de renseignement. Il va enfin pouvoir recruter des experts de haut niveau, dans tous les domaines et pas forcément issus de la police.
Recrutement de nouveaux "espions" en vue. Avec des moyens renforcés, la nouvelle DGSI va en effet pouvoir recruter de nouveaux profils. Elle a prévu d'en recruter 430 dans les quatre ans à venir et plus d'une centaine cette année : des traducteurs, des ingénieurs, des informaticiens, des psychologues, des experts en géopolitiques ou en prolifération nucléaire, des historiens, mais aussi des chercheurs et analystes, etc.
Car jusqu'à présent, les universitaires ou les diplômés de grandes écoles, qui voulaient mettre leur compétence au service de la lutte contre le terrorisme, n'avaient pas vraiment le choix. Pour espérer travailler à la DCRI, il leur fallait d'abord passer le concours de gardien de la paix, suivre un an de formation et courir le risque, à la sortie, d'être affecté à la circulation. On a ainsi déjà vu un diplômé de russe passer quatre ans dans un commissariat de banlieue avant d'être muté au contre-espionnage.
Des moyens renforcés pour y arriver. L'autre révolution, c'est que la DGSI va pouvoir proposer des salaires attractifs. Attractifs, par exemple, pour les élèves de Polytechnique, de l'école d'ingénieurs SupElec, à la recherche d'un premier emploi valorisant. Attractifs, également, pourquoi pas, pour des fonctionnaires de haut niveau de Bercy, experts en finances ou en intelligence économique.
L'objectif de ces recrutements, c'est d'élever le niveau d'analyse du renseignement intérieur pour mieux anticiper les menaces. Un signe qui ne trompe pas : pour sa nouvelle direction technique, le patron de la DGSI, Patrick Calvar, n'a pas choisi un policier, mais un ingénieur de l'armement.
La surveillance des mouvements sociaux aussi réformée. La réforme en cours ne s’arrête pas là : le renseignement dit "de proximité" est également en pleine mutation. La Sous-direction de l'information générale (SDIG) devient lundi le Service central du renseignement territorial (SCRT). Sa mission ? La surveillance des mouvements sociaux, dérives sectaires, violences urbaines et mouvements ultras à droite comme à gauche.
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