"Il s'agit d'un cas surprenant, décoiffant". Comme le résume Me Hubert Delarue, dans une interview à Midi Libre, l'affaire de viols et violences pour lequel est jugé son client est hors du commun. La cour d'assises d'appel de la Somme, à Amiens, juge à partir de mercredi un homme accusé de viol aggravé sur ses filles.
Sauf que ces dernières, qui se sont constituées partie civile pour soutenir leur père, affirment avoir été consentantes. L'une d'entre elle, âgée de 31 ans aujourd'hui, assure même être "amoureuse" de son père avec qui elle a eu une enfant. Le tout sous le regard bienveillant de la mère de famille.
Plusieurs grossesses pour les deux filles
Ce sont les confidences d'une des victimes à une amie qui ont conduit à l'ouverture d'une enquête en 2002. La jeune fille, alors âgée de 19 ans, s'était plaint auprès de son amie des violences infligées par son père. Les enquêteurs vont mettre en lumière bien plus que des faits de violences parentales. Si les deux frères de la fratrie, alors âgés de 13 et 16 ans, ont bien été victimes des colères de leur père, les deux adolescentes ont quant à elles eu des rapports sexuels réguliers avec lui.
La cadette a confié être tombée enceinte trois fois, dont deux grossesses se sont conclues par des IVG, et la dernière par une fausse couche. Au moment du déclenchement de l'enquête, l'aînée, alors âgée de 21 ans, était quant à elle enceinte. Elle a décidé de garder l'enfant et vit aujourd'hui en concubinage avec son père.
"Un phalanstère post soixante-huitard"
Loin des profils de parents marqués par l'alcool et la précarité, le couple résidait dans une somptueuse maison à Compiègne, dans l'Oise. La famille vivait dans un "contexte social tout à fait confortable, avec un chef de famille extrêmement intelligent, qui gagne très bien sa vie à l'époque", assure Me Florence Danne-Thiefine, l'avocate de la mère. Le père de famille exerçait en effet la profession de cadre dans une société des alentours.
Selon son avocat, c'est davantage une proximité avec les idées post soixante-huitardes qui a conduit le couple a commettre de tels actes. Me Delarue décrit en effet à Midi Libre la situation proche d’un "phalanstère post soixante-huitard, avec une très grande proximité des uns vis-à-vis des autres, c’était un peu le grand n’importe quoi".
La mère au courant
Si bien que la mère était chargée de tenir un planning des relations sexuelles entre ses filles et son mari. Des relations sexuelles avaient lieu environ deux fois par semaine avec chacune des jeunes femmes. Ces dernières assistaient également aux ébats de leurs parents et la mère apprenait à ses filles à pratiquer "de bonnes fellations", rapporte Le Courrier Picard. Le cinquième membre de la fratrie, une fillette de 5 ans qui n'a pas été victime d'agression sexuelle, avait conscience du caractère incestueux de sa famille et devait regarder les moments intimes de ses parents.
Pour protéger l'enfant né de cet amour incestueux, les audiences se tiendront en huit-clos. Lors du procès en première instance en 2011, le père avait été condamné à huit ans de prison et la mère à cinq ans.