C'est une première. Des parents d'élèves ont envoyé mardi matin un courrier à la Haute autorité de lutte contre les discriminations. Objectif : dénoncer le remplacement insuffisant des enseignants absents dans leur ville, Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis.
Chaque matin, c’est le même rituel. Des parents d'élèves de l'école Jean Jaurès appellent tous les établissements de la ville pour faire le point sur le nombre d'enseignants absents non remplacés. Depuis septembre, ils ont recensé 630 journées de classe sans enseignant dans les 27 écoles de la ville. Autrement dit, 84% des absences courtes des enseignants du premier degré n'ont pas été remplacées, selon le collectif. Pour eux, le constat est évident : les enfants d'Epinay sont moins bien traités que dans les autres communes d'Ile-de-France.
Murielle, dont les deux plus jeunes enfants sont scolarisés en maternelle et CM1, ne cache pas son agacement :
Une colère qu'ils ont décidé d'exprimer depuis le début de l’année. Depuis le 11 janvier, des parents occupent le bureau de la directrice de l'école maternelle Jean Jaurès, en bloquant l'accès au téléphone ou au fax. Le 7 février, 20 des 28 écoles de la ville ont aussi été bloquées.
Luc Chatel conteste
De son côté, l’inspection d'académie n’a pas confirmé ces chiffres. Elle met plutôt en avant d’autres statistiques, selon lesquels avec 27 remplaçants pour un peu plus de 270 classes, la ville d'Epinay est légèrement au dessus de la moyenne nationale. Une analyse partagée par le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, pour qui la Seine-Saint-Denis bénéficie d'une "discrimination positive" de la part de l'Etat en matière de professeurs remplaçants
Luc Chatel a certes reconnu que dans ce département, le taux d'absence des enseignants, de "15% voire 17%", était "plus élevé que la moyenne nationale", mais qu'il était aussi "le mieux doté en matière de remplaçants", avec "un nombre de remplaçants supérieur à 10%, là où la moyenne nationale est inférieure à 8%".
La Halde devra trancher
Mais pour appuyer leur constat, les parents d’élèves vont demander à la Halde de comparer la situation des remplacements à Epinay avec celle d'autres territoires. Ils attendent également de la Haute autorité qu'elle fasse des recommandations au ministère de l'Education nationale.
La FCPE devait présenter son courrier à la Halde mardi, en présence de plusieurs élus, dont Claude Bartolone, député et président PS du Conseil général de Seine-Saint-Denis. Pour l'inspecteur d'académie, Daniel Auverlot, cette mobilisation est "totalement politique".