"Au Carlton comme au Palais Bourbon, nous voulons l’abolition" de la prostitution, telle est la revendication des 37 associations qui souhaitent en finir avec le "système prostituteur" et qui ont organisé une journée de mobilisation sur ce thème mardi.
Les associations qui défendent ce projet estiment que la fermeture des maisons closes a été un premier pas dans le bon sens. Mais aujourd’hui elles souhaitent aller plus loin et interdire "tout achat d’acte sexuel". Elles demandent donc aux politiques de s'engager à "porter un projet de société courageux dans lequel les dispositions légales et sociales nécessaires seront prises afin de permettre l'abolition du système prostitueur et de garantir les droits fondamentaux des victimes de ce système".
Punir clients et proxénètes
Aller plus loin pour les associations signifie également la poursuite accrue des proxénètes et des réseaux de trafic de femmes ainsi que la poursuite du client. Ce dernier dispose aujourd’hui d’une certaine indulgence à laquelle la Convention abolitionniste veut également mettre fin. Enfin, pour avancer vers l’abolition, la lutte contre les clients et les proxénètes ne serait pas suffisante. C’est pourquoi les associations proposent aussi d’aider les prostituées à sortir de leur milieu et à se reconstruire, se reconvertir.
"Il faut en finir avec l’impunité totale dont bénéficie les clients de la prostitution chez nous. Donc nous demandons à ce qu’un interdit soit posé, c'est-à-dire qu’on n’achète pas un acte sexuel. Quand on paye pour un acte sexuel, on l’impose à une personne qui y consent parce qu’elle a besoin d’argent mais qui ne désire pas cette relation sexuelle", explique Claire Quidet, porte-parole du Mouvement du Nid, une des associations à l’origine du mouvement d’abolition de la prostitution.
Un texte sera présenté à l'Assemblée
Plusieurs partis politiques, dont le Parti socialiste, ont exprimé mardi leur soutien à l'idée d'abolition de la prostitution. Le 6 décembre prochain, les différents présidents de groupe à l’Assemblée Nationale déposeront ensemble une proposition de résolution. Une proposition a minima, par rapport aux demandes des associations, dont le but est surtout d’affirmer que la France est un pays abolitionniste en matière de prostitution.
Dans le même temps, Danielle Bousquet, députée PS de la première circonscription des Côtes d’Armor, déposera, elle, une proposition de loi qui va plus dans le sens des souhaits du collectif pour l’abolition. Ce texte devrait proposer la mise en place d’un délit pour le client.
"Nous voulons une loi qui montre que le client joue un rôle déterminant dans la poursuite de la prostitution et dans la traite des personnes. La France était un tout petit peu entre deux dans la mesure où jusqu’à présent elle avait pénalisé les personnes prostituées. C’était la loi sécurité intérieur de Sarkozy en 2003. Nous, nous disons l’inverse. Ce n’est pas les personnes prostituées qu’il faut regarder comme des délinquantes mais les clients dont il faut regarder la responsabilité", explique Danielle Bousquet au micro d’Europe 1.