Aller voir une prostituée sera-t-il bientôt un délit ? Dans un entretien paru mercredi dans les colonnes du Parisien-Aujourd’hui en France, Roselyne Bachelot annonce qu’une proposition de loi visant à pénaliser les clients de prostituées sera bientôt soumise à l’Assemblée. L’annonce de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale intervient alors que la mission d’information sur la prostitution, lancée en juin 2010, clôt ses auditions.
Calquer le modèle suédois
L’objectif est, résume la ministre, d’importer le modèle suédois, qui punit sévèrement les clients de prostituées. Mis en place en 1999, il prévoit de lourdes amendes et des peines de prison pouvant aller jusqu’à six mois. Les sanctions seraient progressives : d'abord un avertissement, une mise en garde, puis une amende et une peine de prison.
Roselyne Bachelot l’annonce d’emblée, elle soutiendra la proposition, issue de la mission d’information parlementaire, "composée de députés UMP et PS". "Je suis favorable à la pénalisation des clients. Il faut les punir", martèle-t-elle ainsi. Si la loi était adoptée, elle serait mise en application dès 2012.
En finir avec la "traite" des femmes
D’après Roselyne Bachelot, une telle loi permettrait avant tout de mettre fin à une forme d’esclavagisme. "La prostitution est la violence faite aux femmes la plus ancestrale", avance-t-elle. La pénalisation du recours à la prostitution aurait alors pour objectif de "faire comprendre aux hommes qu’avoir recours à la prostitution, c’est entretenir la traite des êtres humains".
"Il y a une complaisance à parler de la prostitution, comme c’est souvent le cas avec les discriminations envers les femmes", déplore aussi la ministre des Solidarités, selon laquelle la prostitution "n’est jamais volontaire", et les prostituées sont "d’abord des victimes".
Un appel à la "conscience" citoyenne
Au micro d'Europe 1, le député UMP Guy Geoffroy, qui est à la tête de la mission d'information sur la prostitution, a souligné la nécessité de "responsabiliser" les clients. "S’il n’y a pas de demande, il n’y a pas de prostitution", a-t-il argumenté. Il espère que l'esprit de la loi "gagne progressivement" la "conscience" des citoyens.
Autre débat, celui des maisons closes. "Les femmes y vivent dans des conditions épouvantables", pointe Roselyne Bachelot, qui exclut tout retour à leur légalisation.