Leur action se veut spontanée, hors de tout cadre syndical ou politique. Samedi, les "Black Blocs" se sont joints au mouvement des opposants de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais leur mode opératoire ne s'apparente en rien à ceux des manifestants classiques. Vêtus de sweat à capuche noir et armés de cocktails Molotv, ces individus habitués des manifestations altermondialistes ont littéralement dévasté le centre-ville de Nantes. Une dizaine de policiers et de gendarmes ont été blessés et certains ont même dû être hospitalisés. Manuel Valls a d'ailleurs condamné "cette violence venant de cette ultra-gauche, de ces Black Blocs". Alors qui se cachent derrière ces "Black Blocs" ? Europe 1 s'est penchée sur la question.
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Aux origines. Ce mouvement radical, né en Allemagne, est lié à l'expulsion de nombreux autonomes de leurs squats, dans les années 1980. Il a ensuite fait tache d'huile dans toute l'Europe, avant de se répandre en Amérique du Nord. Mais les "Black Blocs" ont réalisé leur véritable percée médiatique en 1999, en marge du sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), à Seattle. Là, ils avaient causé des incendies et dégradé de nombreux bâtiments.
Dix ans plus tard, ils renouvelaient l'opération, à l'occasion du sommet de l'Otan organisé à Strasbourg et à Kehl, en Allemagne. Depuis, les "Black Blocs" se passent le message pour être présents à tous les sommets d’institutions internationales - FMI, BM, G8, etc. On les a également vus place Tahrir, en Egypte, ou encore dans les rues de Rio de Janeiro, pour protester contre les dépenses liées à la prochaine Coupe du Monde qui se déroulera au Brésil en 2016.
Qui sont-ils ? Les "Black Blocs" ne constituent en rien un groupe homogène. Il s'agit plutôt d'une nébuleuse regroupant différents groupes d'affinités. "Ils sont pluriels, libertaires, égalitaires, horizontaux", résumait Libération dans un article datant de 2009. "Les 'Black Blocs' forment, dans les manifestations, des groupes éphémères, dont l'objectif est de commettre des actions illégales, en formant une foule anonyme non identifiable", déplore, pour sa part, Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
"Le gros de ces troupes, composé de nihilistes gravitant pour la plupart dans la mouvance autonome parisienne, est complété par des activistes issus de sections grenobloises ou toulousaines menant croisade contre les nanotechnologies, des militants situationnistes ou encore des radicaux venant de Rouen, un des berceaux des contestataires du mouvement Sud", détaillent les services de renseignements contactés par Le Figaro.
Que défendent-ils ? "Le refus du principe de représentation est l'un des rares éléments idéologiques fédérateurs" du mouvement, analyse Rémy Piperaud, auteur d'un mémoire sur le sujet à l'université Versailles-Saint-Quentin. Logiquement, ces jeunes individus sont donc hostiles aux institutions. Et particulièrement à "l'appareil répressif", au "fichage systématique", aux lois pénales et au système pénitentiaire.
Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, ils sont "pour beaucoup issus des mouvances anarchiste et anticapitaliste". Et tous partagent une haine féroce des forces de l'ordre. "Samedi, lors de la manifestation, on a pu voir tagué sur les façades 'un flic égal une balle'", rapporte Pierre-Henri Brandet.
Combien sont-ils ? Toujours d'après les services de renseignements, le noyau dur des "Black Blocs" se compose de 450 à 500 personnes. Selon certains spécialistes, ils seraient au total près d'un millier en France et beaucoup plus à travers le monde.
Quels sont leurs modes d'action ? Les "Black Blocs" n'ont pas de chefs, sont imprévisibles et très méfiants. "Très mobiles, ils sont passés maîtres dans l'art de changer de physionomie et de vêtements en cours de manifestation", avoue un policier. Les "Black Blocs" se livrent généralement à des actions particulièrement violentes. Cocktails Molotov, boulons, pavés jetés sur les forces de l'ordre… A Nantes, ils ont détruit de nombreuses vitrines de magasins et saccagé un certain nombre de commerces, ainsi que l'entrée d'un commissariat de police.
"Ces individus portent des vêtements noirs ou très sombres, ce qui rend difficile le travail d'identification et d'interpellation. Ils s'habillent ainsi au dernier moment, et changent immédiatement de tenue une fois les exactions terminées", détaille Pierre-Henri Brandet.
Comment s'organisent-ils ? Ils préparent leurs actions via Internet et communiquent entre eux principalement par messages codés. "Aguerris et parfaitement organisés, ils échangent sur Internet des modes d'emplois sur la conduite à tenir en cas de garde à vue ou de perquisition", détaille un haut fonctionnaire.
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