L'affaire sera portée devant la justice. Renault va déposer plainte mercredi dans le cadre de l'affaire d'espionnage qui vise le groupe français. Le constructeur indique avoir, "conformément à la législation du travail", reçu mardi après-midi pour "un entretien préalable à une décision de licenciement pour faute lourde, les trois collaborateurs de l'entreprise mis à pied" le 3 janvier, mais s'est refusé à tout "commentaire" sur ces entretiens.
Une "lettre anonyme" à l'origine des accusations
Renault soupçonne trois cadres d'avoir diffusé à l'extérieur des informations sensibles liées à ses actifs stratégiques, intellectuels et technologiques. A l'origine des accusations d'espionnage portées par la direction : une "lettre anonyme" contre les trois cadres dirigeants mis à pied, selon Thibault de Montbrial, l'avocat de l'un d'entre eux.
La piste d'une fuite vers la Chine de secrets liés à la voiture électrique est avancée depuis plusieurs jours, amenant Pékin à dénoncer mardi des accusations "totalement sans fondement, irresponsables et inacceptables". Renault et l'Etat français, actionnaire à 15% du constructeur, ont refusé de confirmer cette piste.
Les cadres "stupéfaits"
Les trois hommes mis en cause se sont dits "stupéfaits par les accusations", à l'image de Matthieu Tenenbaum. L'avocat de ce directeur de programme adjoint du véhicule électrique, Me De Montbrial, qui accompagnait le salarié au siège situé à Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine en vue de son entretien avec la direction du groupe, a affirmé que son client "attend que lui soient exposés les faits qu'on lui reproche".
Un autre cadre soupçonné, Michel Balthazard, rejette totalement les griefs qui lui sont imputés. "Renault porte contre moi des accusations très graves que je réfute totalement. Il m'a été exposé des faits que je réfute également", a-t-il déclaré à l'issue de son entretien préalable à un éventuel licenciement, au siège du groupe automobile à Boulogne-Billancourt.
"Une affaire qui me dépasse"
Membre du comité de direction de Renault, Michel Balthazard a dénoncé "une atteinte grave à sa dignité et son intégrité". Il s'est dit "prêt à collaborer à toutes les enquêtes". "Je me considère aujourd'hui comme une victime d'une affaire qui me dépasse", a-t-il déclaré, affirmant qu'en "trente ans de maison", il avait "toujours respecté l'éthique de Renault".
Bertrand Rochette, le troisième cadre mis en cause par Renault, a également nié en bloc mardi les accusations qui le visent. Il a affirmé être "totalement étranger à cette affaire" et "vivre un cauchemar".
La procédure avant un licenciement impose ces entretiens afin que la direction détaille ses griefs aux salariés visés et qu'ils puissent lui répondre. Si Renault tranche finalement pour une éviction, la direction devra respecter un délai de 48 heures avant de la notifier à ces salariés.