Elles attendent toujours la vérité. Les familles des victimes du crash du vol Air France Rio-Paris, ont été reçues mercredi par Sylvia Zimmermann, la juge d’instruction chargée de l’enquête, qui leur a présenté un rapport d’étape des experts judiciaires sur la catastrophe. Un document qui laisse cependant beaucoup d'interrogations sans réponse.
"Aucune conclusion" des experts
Prudents, les experts indiquent d'ailleurs en préambule ne tirer "aucune conclusion de l’exploitation des enregistreurs", les fameuses boîtes noires. Le rapport semble pourtant sévère pour les pilotes : les experts font état de "confusion au sein de l’équipage" et notent que "l’approche du décrochage ou le décrochage lui-même n’[ont pas été] exprimés". Ce décrochage n’a pas été "perçu par l’équipage", note le rapport.
Quant aux "alarmes sonores et visuelles", elles "n’ont pas amené l’équipage au diagnostic et à l’appel d’une quelconque procédure". Le commandant de bord parti se reposer, le pilote en fonction était en charge du "manche à cabrer", sur lequel il a eu une "action désordonnée", exprimant son "désarroi et son incompréhension au regard des informations dont il dispos[ait]".
Et une fois le commandant de bord revenu, ce pilote lui a dit ne plus avoir le contrôle de l’avion. Le rapport note qu’à ce moment, "les vitesse [étaient] indisponibles" et que l’alarme de décrochage avait cessé. Le doute plane sur les "indications visibles" sur les écrans. "Je n’ai plus aucune indication", se sont ainsi inquiété les pilotes.
"Pourquoi il y avait de la pagaille" ?
Les familles des victimes ont accueilli avec beaucoup de circonspection les conclusions de ce rapport. "La question n'est pas de savoir s'il y avait de la pagaille dans le cockpit, mais pourquoi il y avait de la pagaille". Or, selon Me Alain Jakubowicz, un avocat qui représente les familles, "la cause première, ce sont les éléments dont disposaient" les pilotes, "ou plus précisément dont ils ne disposaient pas en raison de dysfonctionnements de l'appareil".
Du côté d'Air France, mis en examen pour homicide volontaire dans ce dossier, "l'équipage n'a pas compris ce qui lui arrivait. Il n'a pas pu diagnostiquer le problème et apporter de solutions". Outre le facteur humain, il est donc "temps de se pencher sur la machine". Et "le rapport montre des choses inquiétantes au niveau technologique", a noté l'avocat d'Air France, Fernand Garnault. Dans la ligne de mire de la compagnie aérienne : les fameuses sondes Pitot. Selon Libération.fr, la juge Zimmermann a demandé à entendre comme témoin un responsable de l’Agence européenne de la sécurité qui avait écarté la responsabilité des sondes dans plusieurs incidents répertoriés. Une convocation restée lettre morte.