Avant même sa publication, le rapport de la Cour des comptes (consulter le PDF) sur l’organisation et la gestion par l’Etat des forces de sécurité publique a provoqué l’ire de Claude Guéant. Publié jeudi, le texte de 250 pages met clairement en doute les résultats de la politique sécuritaire menée par Nicolas Sarkozy depuis 2002, date de son arrivée Place Beauvau.
Pour mener son enquête, les agents de la juridiction financière se sont rendus dans 52 villes des régions Ile-de-France, Rhône-Alpes et Paca, passant au crible les forces de sécurité publique, comprenant policiers et gendarmes. Europe1.fr fait le point sur les principales critiques du rapport.
Des doutes sur la baisse de la délinquance. Depuis 2002, Nicolas Sarkozy en a fait l’une de ses priorités dans sa politique sécuritaire. Et a beaucoup communiqué sur le sujet. Or, dans son rapport, les Sages de la rue Cambon remettent en doute les statistiques présentées par le ministère de l’Intérieur. "Les moyens statistiques de mesurer la délinquance présentent encore de nombreuses imperfections", écrit la Cour, soulignant que "l'évolution de la délinquance ne peut être résumée par un seul indicateur global donnant le même poids aux délits mineurs et aux crimes". Et la juridiction de pointer du doigt le fait que la reprise à la hausse de la délinquance a été évitée en grande partie par le refus des services de police d'enregistrer des plaintes de victimes d'escroqueries, en application de directive des parquets. La baisse de la délinquance a résulté, selon les Sages, du fort recul des vols d'automobiles et de dégradations de biens privés. Mais les atteintes aux personnes n’ont, elles, pas baissé.
La vidéosurveillance, trop coûteuse. Le rapport fustige aussi le "développement rapide mais coûteux" de la vidéosurveillance. Et n’hésite pas à remettre en cause les chiffres avancés par Nicolas Sarkozy. Le chef de l’Etat avait annoncé en 2008 son intention de tripler le nombre de caméras de vidéosurveillance, sur tout le territoire, les faisant passer de 20.000 à 60 000. Or, la juridiction note qu’en 2008, il n’y avait que 10.000 caméras de surveillance en France. Le triplement du nombre de caméras entre 2010 et 2012 représente donc un coût de l'ordre de 300 millions d'euros subventionné à hauteur de 40 % par l'Etat.
Une mauvaise gestion. La Cour des comptes pointe également la "coûteuse et complexe organisation du temps de travail dans la police" et le "peu de latitude pour (...) l'accumulation des heures à récupérer". En 2009, 30% du "potentiel théorique" de la sécurité publique était "indisponibles pour cause de congés, repos, maladies et autres absences".