Les laboratoires Servier vont devoir s'expliquer. Le tribunal de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, a accepté vendredi de lancer une procédure pour "tromperie" contre le laboratoire mis en cause dans l'affaire du Mediator, responsable de la mort de 500 à 2.000 personnes. Ce dossier vient s'ajouter à celui d'une enquête préliminaire ouverte à Paris depuis fin 2010 pour "homicides et blessures involontaires", qui concerne déjà plus d'une centaine de plaignants, dont l'assurance maladie.
Lors d'une audience publique, le tribunal a enregistré les citations directes délivrées par six patients pour "tromperie aggravée" et par l'association de consommateurs Consommation logement et Cadre de vie (CLCV).Convoqué vendredi après-midi par la justice à Nanterre, Jacques Servier, 88 ans, devait être représenté par un de ses avocats.
"Délibérément trompé" sur la composition
Sont visés le groupe Servier et son fondateur, ainsi que la société Biopharma, qui a commercialisé le Mediator. Ce médicament destiné aux diabétiques en surpoids, était aussi prescrit comme coupe-faim jusqu'à son retrait du marché en 2009. Quatre anciens cadres de Servier et Biopharma sont également concernés. Les plaignants leur reprochent de les avoir "délibérément trompé(s)" sur la composition du Mediator.
Dotation de 20 millions d’euros
Jeudi, les laboratoires Servier se sont dits prêts à faire une première dotation de 20 millions d'euros à un fonds d'indemnisation spécifique pour les victimes du Mediator. Fin janvier, ils avaient déjà annoncé leur intention de participer à ce fond, après plusieurs semaines d'un scandale qui a remis en cause le système français du médicament.
Une audience technique se tiendra le 27 avril prochain, afin d'envisager la suite de la procédure. Le procès sur le fond se tiendra à Nanterre, du 26 au 30 septembre et du 6 au 7 octobre. Toutefois, l'ouverture programmée d'une information judiciaire par le parquet de Paris pour des faits de même nature pourrait hypothéquer la tenue de ce procès.