24 suicides depuis 2005, dont quatre depuis un mois… Le malaise grandit à l’Office national des Forêts, gestionnaire des forêts publiques. La ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a précisé jeudi sur BFM-TV que la majorité des agents ayant mis fin à leur vie travaillaient "au plus proche du terrain, dans des conditions particulières, qui sont les conditions d’une forme de solitude".
Des conditions que critique François Sittre, garde-forestier dans le Doubs, interrogé par Europe1 : "L’objectif principal de l’ONF aujourd’hui c’est de produire du bois, pas de s’occuper de la forêt. On n’est pas des commerciaux, on désobéit quand il le faut, mais il y a des moments où les gens craquent. On a un tas de collègues qui dorment la nuit grâce à des médicaments. On est vraiment mal dans notre boulot ".
700 suppressions de postes
Les syndicats, eux, évoquent le "malaise social" lié aux réductions d’effectifs. "Après avoir détruit un emploi sur cinq depuis 10 ans et fortement dégradé les conditions de travail, l'État impose à l’ONF une hausse de l'activité ainsi que 700 nouvelles suppressions de postes d'ici à 2016", écrit la CGT-Forêts sur son site Internet. "L’Etat sacrifie les forêts publiques sur l’autel du libéralisme", ajoute le syndicat.
Une situation difficile reconnue par Nathalie Kosciusko-Morizet, qui explique l’impact des fluctuations du prix du bois sur l’organisme. "Pour les agents, bien qu’ils soient dans un cadre de service public, c’est assez angoissant d’avoir une partie de leurs revenus soumis aux cours ".
Vendredi, sur Europe 1, le directeur général de l'ONF, Pascal Viné, a affirmé que l'organisme allait mettre en place un numéro vert pour soutenir les agents de l'Office. Un "audit socio-organisationnel" est en cours, et Pascal Viné a indiqué son intention de se déplacer sur le terrain pour rencontrer les agents.
Mardi, au lendemain du dernier suicide, le conseil d’administration se réunissait pour examiner les objectifs de l’ONF sur la période 2012-1016.