Après la mort du dernier Poilu, le 11 novembre va changer. Pas question d'oublier les soldats qui se sont battus en 14-18, mais Nicolas Sarkozy veut moderniser les commémorations de l'Armistice. Le chef de l'Etat devrait annoncer vendredi la transformation de cette journée du souvenir en un "jour de tous les morts pour la France". Des tranchées de 14-18 à la vallée de la Kapissa, en passant par l'Algérie ou l'Indochine, ou plus récemment la Côte d'Ivoire, Nicolas Sarkozy veut saluer tous les soldats français qui ont laissé leur vie sur les champs de bataille.
Des commémorations déjà dépoussiérées
Depuis son arrivée à l'Elysée, Nicolas Sarkozy avait tenté de dépoussiérer ces commémorations qu'il juge un peu désuète et qui ne suscite plus beaucoup d'émotion dans l'opinion. Il l'a d'abord rafraîchie en installant des écrans géants place de l'Etoile qui diffusaient des images de la Grande Guerre. En 2009, il avait convié Angela Merkel pour les célébrations. Et l'an dernier, il s'est même autorisé un saut dans le temps puisqu'il a salué la mémoire des Parisiens qui avaient défilé contre l'occupant nazi, le 11 novembre 1940.
Pour ce premier 11 novembre sans Poilu, le président en profite donc pour ouvrir la commémoration à tous les morts pour la France, et en particulier aux 25 soldats disparus en Afghanistan depuis un an. L'historien Stéphane Audouin-Rouzeau n'est pas choqué pas cette initiative, il y voit même une sorte de continuité. "Entre la mort à la guerre en 14-18 et la mort aujourd'hui en Afghanistan, on se dit que ça n'a strictement rien à voir. Ce sont des phénomènes effectivement différents mais reliés par un fil : la mort à la guerre pour une nation. Ce fil permet au 11 novembre d'absorber d'autres morts à la guerre dans des conflits complètement différents mais qui ne sont pas complètement coupés de ce qu'était le sens de la guerre en 14-18", estime-t-il sur Europe 1.
Filiation entre Poilus et soldats d'aujourd'hui
Le lieutenant Clément Hude, engagé dans un régiment de chars Leclerc dans le Loiret, ressent lui aussi une filiation entre les poilus de la Grande guerre et les soldats français d'aujourd'hui. "Ces deux engagements sont différents, de par la nature du théâtre où on est, mais sont identiques par la défense des valeurs du soldats, qui sont les mêmes. On défend les intérêts du pays, là où le pays nous envoie. Il y a quelques années, c'était sur les plaines des Ardennes. Aujourd'hui c'est en Côte d'Ivoire ou ailleurs", explique-t-il sur Europe 1.
Cette évolution ne se fait toutefois pas sans hérisser quelques poils. Les anciens combattants d'Algérie craignent notamment la disparition de leur propre journée de commémoration. Mais à l'Elysée, on se veut rassurant : aucune date souvenir n'est remise en cause. Et tout particulièrement, celle du 8 mai. Cette date est et doit rester unique martèle l'Elysée : elle est le symbole de la victoire des Alliés sur le nazisme en 1945.