Pour la première fois en France, le marché des médicaments génériques ne fait plus recette : le nombre de boîtes vendues a même reculé de 3%, d'après le Gemme, qui réunit les industriels du générique. Selon les industriels, les médicaments génériques ont souffert "de l'environnement de défiance par rapport au médicament en général", notamment après l'affaire du Mediator et le retrait de certains médicaments, comme le Di Antalvic et ses génériques. Les médecins mettraient aussi de plus en plus la mention "Non substituable" sur les ordonnances de leur patient, pour qu'ils ne soient pas obligés de prendre des génériques.
Les personnes âgées font de la résistance
Aujourd'hui, la défiance vis-à vis de cette catégorie de médicaments augmente. Sont-ils vraiment aussi efficaces que les médicaments d'origine ? Du côté des patients, certains font clairement de la résistance. Des médecins, interrogés par Europe 1, racontent que certains se posent des questions sur leur efficacité, notamment les personnes âgées.
Certains spécialistes sont réticents
Plus surprenant, certains médecins, essentiellement des spécialistes, sont aussi réticents à prescrire des médicaments génériques. Car ces derniers ne sont pas toujours une copie à 100% de l'original. Dans le cahier des charges des génériques, pour que le produit soit mis sur le marché, il n'y a en effet qu'une seule règle : le laboratoire doit démontrer que son générique à une équivalence chimique à 80% minimum avec le médicament original.
La règlementation de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) tolère en effet une variation de la concentration du principe actif dans le corps de l'ordre de 20%.
Or, c'est cette tolérance, qui est pointée du doigt par certains médecins spécialistes. Yves Juillere, cardiologue au CHU de Nancy, a fait le choix de ne jamais en prescrire. "Si vous partez sur un antibiotique, que vous donnez un générique et que vous n'avez pas l'efficacité requise au bout de trois jours, on s'en rend compte et on change le produit. En pathologies cardiovasculaires, on ne va pas attendre de voir mourir notre malade pour dire "on n'aurait pas du donner le générique !", confie le spécialiste.
L'Afssaps n'a jamais recensé un cas grave
Pour les défenseurs des génériques, ces doutes sont totalement infondés. Ils rappellent d'abord que la copie est identique à l'original dans la grande majorité des cas. Par ailleurs, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé n'a recensé aucun signalement de cas grave, après la prise de médicaments génériques.
Dans le camp des pro-génériques, on rappelle aussi que ceux-ci sont mieux faits que l'original. "Ce sont des médicaments préparés avec des formules plus modernes que les médicaments d'origine", assure Gilles Bonnefond, secrétaire général de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine.