L'INFO. Avant "les cours de morale laïque" prévus pour la rentrée 2015, c'est une charte de la laïcité qui fera son entrée dans les écoles dès septembre 2013, a annoncé lundi le ministre de l'Éducation nationale Vincent Peillon. Sur le principe, personne ne semble y trouver à redire, ce qui n'est pas le cas de ses conditions d'application.
Rappeler "les principes" de la laïcité... Le texte de la charte ne sera probablement pas connu avant la mi-septembre. Mais, dans une interview accordée aux Dernières Nouvelles d'Alsace lundi, Vincent Peillon a levé un coin du voile. "Chacun est libre de ses opinions, mais pas de contester un enseignement ou de manquer un cours. La charte rappellera ces principes", a expliqué le ministre.
… sans se fixer sur l'islam. Le ministre a mis en garde : la question de la laïcité "ne doit pas tourner à l'obsession de l'islam". Et Vincent Peillon d'ajouter : "la très grande majorité de nos compatriotes musulmans est convaincue des bienfaits de la laïcité."
Affichée d'ici à "la fin septembre". La charte sera affichée "dans tous les établissements" scolaires publics d'ici "fin septembre", a expliqué le ministre qui avait annoncée cette charte fin 2012. En avril dernier, Vincent Peillon avait déjà instauré, à compter de 2015, l'enseignement d'une heure de "morale laïque" pour les écoliers et collégiens.
UN ACCUEIL MITIGE
Les proviseurs sceptiques. Joint par Europe1, le secrétaire général du syndicat des proviseurs, Philippe Tournier, n'a pas fait mystère de ses réserves : "c'est un programme d'intentions tout à fait positives. Il reste, en revanche, l'essentiel : mettre en vigueur ce qu'on affirme", a-t-il réagi. "Rien ne serait pire", selon lui, "que d'afficher une charte de la laïcité et que les élèves voient autour d'eux que ce qui fonctionne dans la vie scolaire est le contraire exact de ce qu'on leur raconte".
"Que cela ne se limite pas à de l'affichage". La charte ?Yvon, professeur dans un collège aux Mureaux (Yvelines) rencontré par Europe1, estime que cela ne sert pas à grand-chose "si c'est une charte affichée au mur et qui n'est pas travaillée avec les enseignants et les élèves". Pour lui, "les enseignants doivent se l'approprier pour la faire vivre au quotidien dans leurs cours".
Chatel salue l'initiative. Côté politique, l'ancien ministre UMP de l'Education, Luc Chatel, s'est, lui, félicité de l'initiative de son successeur. "Je pense que c'est une bonne idée", a-t-il dit sur France Info. "À chaque fois qu'on peut donner aux enfants des repères sur ce que sont nos valeurs, sur ce qu'est la République, c'est une bonne chose."