La négociation était toujours en cours mercredi soir. Mais les efforts ne devraient pas être vains puisque l'assurance maladie et les syndicats de médecins sont sur le point d'aboutir à un nouvel accord sur la rémunération des médecins. La nouveauté est qu'à côté du paiement à l'acte, une partie de leur rémunération serait liée à la performance.
Pour Michel Chassang, président de la confédération des syndicats médicaux français, avec ces nouvelles règles du jeu "tout le monde est gagnant" : le patient, qui est "mieux suivi", et le médecin, "qui perçoit une rémunération complémentaire", a-t-il indiqué mercredi matin sur Europe 1.
La consultation, payée par le patient, et une prime de la Sécu
Les patients continueront à payer la consultation au tarif habituel. Ce qui restera d'ailleurs la plus grande partie de la rémunération du praticien. Mais en plus, les médecins pourront toucher chaque année un bonus versé par la caisse primaire d'assurance maladie.
Une prime calculée en fonction de leur performance. Le montant du bonus, qui pourrait atteindre jusqu'à 10.000 euros, sera ainsi basé sur les objectifs fixés au médecin. Certains objectifs concernent le fonctionnement du cabinet : est-il informatisé ? Le médecin assure-t-il convenablement l'actualisation du dossier médical de ses patients ?
D'autres objectifs concerneront les prescription et les soins : le nombre de patients âgés vaccinés contre la grippe ou le pourcentage de médicaments génériques prescrits. Enfin, les médecins auront des objectifs sur le suivi régulier de leurs patients atteints de maladies chroniques comme le diabète ou l'hypertension.
Selon un texte provisoire, cette prime à la performance pourrait atteindre 8.400 euros par an.
"Un changement de philosophie"
La nouvelle consultation "va dans le bon sens", selon l'économiste spécialiste de la santé, Claude Le Pen. Pour lui, il s'agit d'une "solution intéressante qui rompt avec une tradition de moyens. On demande aux médecins d'avoir des résultats : c'est tout un ensemble de choses qui sont susceptibles d'améliorer le service rendu par le médecin à la collectivité". Il estime ainsi que c'est "un changement de philosophie".
Généraliser les bonnes pratiques
A la fin de chaque année, la CNAM (Caisse national d'assurance maladie) comptera les points gagnés par le médecin et lui versera la prime correspondant. La Sécu espère ainsi généraliser les bonnes pratiques chez les praticiens pour améliorer encore la santé publique et éviter le gaspillage d'argent.
16.000 médecins généralistes bénéficient déjà de ce système. Ils ont signé un contrat d'amélioration des pratiques individuelles (CAPI) avec la Sécu, qui préfigure ce qui devrait être instauré. A Nice, le Dr Dominique Poggi en fait partie. Selon elle, ce contrat permet de "responsabiliser les médecins". Cette généraliste s'est ainsi "penchée sur sa pratique" et dit s'être remise en question. Mais elle n'a pas rempli la totalité de ses 12 objectifs et n'a donc touché que 2.200 euros, sur les 7.000 qu'elle aurait pu avoir. Une somme qu'elle trouve bien mince au regard des efforts qu'elle a accomplis.