Le machisme n’est pas qu’une affaire d’hommes. Une inspectrice a refusé la mutation d’une enseignante de Limoges jugeant "la charge de travail énorme peu compatible avec le métier de mère de famille". Le poste a donc été proposé à des collègues "hommes et des femmes sans enfant", précise l’inspectrice dans un courrier adressé à la candidate.
"Le métier de mère de famille"
Tout a commencé quand l’enseignante en histoire s’est étonnée de voir ses collègues masculins recevoir un courrier les informant qu’un poste se libérait en classe préparatoire aux grandes écoles, section khâgne. Croyant avoir été oubliée par erreur, elle a contacté l’inspectrice afin de lui demander quelques informations sur le poste. Cette dernière lui a alors répondu ceci :
"Chère collègue,
Ce n'est pas un oubli de ma part, ce poste demande une énorme charge de travail très peu compatible avec le métier de mère de famille (même si les choses évoluent c'est très lent), je ne l'ai donc signalé qu'à des collègues hommes ou des collègues "femmes" sans enfant, c'est sûrement une vision très passéiste mais très réaliste. La question tournante en khâgne est très (trop) éprouvante pour soi et pour son entourage.
Bonne journée."
"Une sorte de solidarité désuète"
La journaliste Véronique Soulé, qui a révélé l’affaire sur son blog samedi dernier, a décortiqué le contenu du message envoyé par l’inspectrice pédagogique régionale (IPR). Elle y dénonce, notamment, la perception "d’un autre temps" de l’inspectrice qui concède néanmoins, au sujet de l’égalité hommes-femmes, "que les choses bougent mais très lentement". Mais "manifestement, elle ne tient pas à les bousculer", commente Véronique Soulé.
"Pour être juste, il faut reconnaître que tout ça part plutôt d'un bon sentiment, une sorte de solidarité désuète entre dames qui font des "réunions tupperware" à la maison parce que "les boîtes, ça simplifie quand même la vie". On suppute que l'inspectrice a trouvé difficile de tout assumer. Peut-être même qu'elle se reproche de n'avoir pas été assez présente, de n'avoir pas vu que le petit fumait, que le grand séchait, etc.", conclut, avec ironie, la journaliste bloggeuse, ajoutant que "en tout cas, débordée par tout ce qu'il faut faire à la maison, l'inspectrice - également prof d'histoire - n'a pas fini le programme. Et elle s'est arrêtée à l'après-guerre".
Les professeurs de sexe féminin sont 30% à enseigner après le bac, contre 80% dans le primaire et les écarts de salaires peuvent atteindre jusqu'à 3.000 euros par mois.