C'est désormais scientifiquement prouvé. L'OMS a publié mardi un rapport dans lequel elle établit un lien entre l'émanation des particules fines des véhicules diesel et le cancer du poumon. Ces gaz d'échappement viennent d'être classés dans la catégorie des agents "cancérogènes certains" pour l'homme.
"Ce rapport est utile, il faudra en tirer les conséquences", a commenté Nicole Bricq, la ministre de l'Ecologie, au micro d'Europe 1. "Il va nous aider à trouver des solutions. Sans doute faut-il améliorer les pots catalytiques", poursuit-elle.
"Agir vite !"
Mais pour Denis Baupin, il est presque déjà trop tard. "Il était impératif d'agir sans attendre ces résultats", regrette l'adjoint EELV au maire de Paris, au micro d'Europe 1. Selon lui, il aurait fallu prendre exemple sur les pays asiatiques, et notamment le Japon, où il y a "zéro production de véhicules diesel". "Parce que le risque avait été jugé trop important", explique-t-il.
Si ce rapport ne fait selon lui qu'officialiser un doute qui planait depuis plusieurs années, l'écologiste s'inquiète de "la situation extrêmement compliquée", qui risque d'en découler. "D'un point de vue sanitaire", d'une part, "parce qu'on ne supprime pas 60% des véhicules du jour au lendemain", déplore-t-il. Le parc automobile de la France est en effet le plus diésélisé du monde. Et juridique, d'autre part, car les conséquences pourraient bien être comparables à celles qui avaient frappé l'industrie du tabac lorsque le lien avait été établi entre le tabagisme et le cancer du poumon. "Va-t-on voir des procès en enfilade contre les constructeurs automobiles ?", s'interroge-t-il.
Revoir la politique fiscale
Quoi qu'il en soit, Denis Baupin estime qu'il ne faut pas perdre de temps pour agir "au niveau national" et commencer par supprimer très rapidement les incitations fiscales (prix à la pompe plus bas, déduction de TVA sur la location de véhicules diesel, etc.) en faveur du diesel. "C'est un sujet de santé publique", s'alarme l'adjoint au maire.
Ensuite, il faudra étudier "les conséquences sociales pour les salariés de l'industrie automobile", explique-t-il. "Aujourd'hui on vend de moins en moins de voitures. Il faut donc revoir l'offre et produire des véhicules plus petits, plus sobres et qui consomment moins", à l'instar de ce qui se fait déjà dans les pays asiatiques, estime-t-il. "Il faut engager cette reconversion. C'est absolument nécessaire", analyse-t-il.
Rééquilibrer le parc automobile
Enfin, il faudra mettre en place une politique d'accompagnement, en vue de supprimer le diesel. Mais "interdire immédiatement la circulation des véhicules diesel, c'est impossible", reconnaît l'écologiste. C'est pourquoi il estime nécessaire d'aider les gens qui en possèdent déjà un à moins s'en servir. Et qui dit accompagnement, dit plus de transports collectifs. "Pourquoi ne pas envisager d'accorder la gratuité des transports publics pendant un ou deux ans pour ceux qui se débarrasseraient d'un véhicule très polluant ?", propose-t-il.
Reste que l'Union française des industries pétrolières (UFIP), comme Nicole Bricq, prône un rééquilibrage du parc automobile. Et pour cause, les raffineries de l'Hexagone ont été construites dans les années 1960 pour produire surtout de l'essence, et non du gazole. En outre, l'essence est maintenue dans la catégorie "2B" des substances "peut-être cancérogènes", selon l'OMS.