La question du port du voile n'a pas trait seulement au "religieux" mais relève "d'un combat plus large sur la condition des femmes dans les quartiers populaires", estime Manuel Valls dans un entretien au magazine La Vie à paraître jeudi.
"La religion doit pouvoir s'exercer librement, mais elle ne doit pas être confondue avec des manifestations à caractère politique sur la place de la femme dans la société", déclare à l'hebdomadaire le ministre de l'Intérieur et des Cultes. "Ce qui se joue ici n'est pas seulement de l'ordre du religieux. Selon moi, la question du voile relève d'un combat plus large sur la condition des femmes dans les quartiers populaires", ajoute Manuel Valls qui, en 2011, avait été l'un des rares parlementaires de gauche à voter l'interdiction du voile intégral dans l'espace public.
Au gouvernement, il est resté sur cette ligne. "Le voile qui interdit aux femmes d'être ce qu'elles sont doit rester pour la République un combat essentiel", déclarait-il encore en février. Quand la Cour de cassation a annulé le licenciement d'une salariée voilée par la crèche privée Baby Loup, à la mi-mars, il fut le premier à réagir, réclamant rapidement une adaptation législative. Depuis, le président François Hollande a confirmé qu'il y aurait une nouvelle loi sur les signes religieux dans les structures de petite enfance.
Pour autant, Manuel Valls appelle à faire évoluer avec prudence la loi de 1905 sur la laïcité. "Il n'est pas interdit d'y réfléchir, mais en considérant très attentivement les conséquences de toutes les modifications de cette loi sur les équilibres de notre société", dit-il à la Vie. "Évitons d'ouvrir la boîte de Pandore." "Gardons-nous des opérations politiques visant à créer des tensions avec l'islam", poursuit le ministre, en donnant sa vision de la laïcité: "c'est l'apaisement, ce n'est pas l'expression d'une ignorance, ni d'une indifférence, ni d'une hostilité vis-à-vis des religions."